Algérie

La présence de troupes turques en Libye serait «hostile» à l'Algérie


Selon le chercheur en questions géostratégiques et sécuritaires, Abdelkader Soufi, enseignant à l'université de Blida, qui intervenait, hier matin, sur les ondes de chaîne 3 de la radio nationale, l'Algérie se trouve dans une région où toutes nos frontières sont embrasées, avec notamment une menace terroriste sérieuse aussi bien à l'Est, qu'à celles avec le Mali et le Niger. Il fait observer que la guerre en Libye en même temps qu'elle a ouvert la voie à des groupements terroristes, est venue conforter la présence d'acteurs étrangers soucieux de préserver leurs intérêts.Il évoque le déplacement des groupes terroristes de la Syrie vers la région du Sahel en général. A propos des déclarations menaçantes du général Haftar, l'expert algérien fait remarquer qu'elles n'engagent que lui, a-t-il les moyens de mettre à exécution ses menaces, s'interroge-t-il. Abdelkader Soufi évoque ensuite les déclarations du Président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui sont motivées par de gros intérêt dans la région. Il estime que ces déclarations sont hostiles à l'Algérie, sachant, explique-t-il, que nous avons avec Ankara des relations très ancrées dans l'histoire, relations politiques, économiques et commerciales et qui pourraient être remises en cause. Il fait savoir que les Turcs viennent de signer un accord avec le gouvernement de Tripoli concernant le droit maritime qui se rapporte au gaz off shore en Méditerranée de l'Est mais aussi à d'autres intérêts en Libye qui a un potentiel assez conséquent en hydrocarbures et autres.
A propos de l'OTAN, l'expert rappelle qu'elle est présente depuis la chute de Mouammar El Kadhafi. Il souligne que la Turquie est un pays membre de l'OTAN, et il voit dans l'annonce de son engagement, la présence affirmée de cette organisation, dans la région Nord de l'Afrique et, dans son sillage, celles de puissances hégémoniques soutenant l'un ou l'autre des deux belligérants, sinon les deux. Concernant, les déclarations du Président turc, Recep Tayyip Erdogan, annonçant l'envoi de troupes en Libye pour soutenir le gouvernement d'Union nationale de Fayez el-Sarraj contre son ennemi, Khalifa Haftar. Abdelkader Soufi estime que l'arrivée de contingents militaires turcs en Libye, en même temps provoqueraient, par contrecoup, l'afflux des groupes terroristes d'El Nosra et de Daech activant jusqu'alors en Syrie, ne fera qu'embraser davantage le conflit, avec des conséquences humanitaires catastrophiques, notamment leurs lots de réfugiés par millions, en plus de la catastrophe humanitaire à l'intérieur de la Libye.
Si, prévient l'expert, ces réfugiés venaient inévitablement à demander l'asile à l'Algérie, il existerait alors le sérieux danger de voir des groupes terroristes se dissimuler parmi eux pour y pénétrer, d'où l'inquiétude justifiée des autorités algériennes face à la situation ainsi créée. Pour Abdelkader Soufi, la France fait dans le double jeu, elle soutient à la fois le Gouvernement de Fayez el-Sarraj et les forces de Haftar. On ne peut pas dire, selon lui, que les Français ont un camp bien précis. Maintenant, ajoute-t-il, quand on voit la carte de la Libye et des différents intervenants, on sent bien qu'il y a une guerre de repositionnement des grandes puissances en Libye.
Pour Abdelkader Soufi, la Russie essaie d'avoir une base à Benghazi pour consolider sa présence en Méditerranée après la base de Tartous en Syrie. Quant aux Etats-Unis, l'expert algérien rappelle la fameuse phrase d'un stratège américain qui disait que le territoire des Etats-Unis est là où se trouvent leurs intérêts. Il estime que le terrorisme est l'?uvre de groupes qui travaillent pour des armées régulières qui, elles, ne peuvent pas intervenir directement dans un endroit donné. Il estime que les préoccupations humanitaires et de lutte contre le terrorisme ne sont que des prétextes d'interventions militaires pour les puissances occidentales.
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