Algérie

La présence d'observateurs européens aux élections n'est pas encore acquise


Composée de responsables de la Commission européenne et d’experts en systèmes électoraux, en sécurité et en mécanismes législatifs, la mission séjournera jusqu’au 22 février 2012. Une partie de la délégation a quitté le pays hier. Menée par Delphine Skowron, directrice du bureau de soutien aux élections et à la démocratie de l’Union européenne, la délégation a rencontré, le 8 février, le ministre des Affaires étrangères. Selon l’agence officielle APS, Mourad Medelci a parlé des «réformes» politiques «profondes» engagées par le président Bouteflika. Pour le ministre, les lois sur le régime électoral et sur les partis révisées constituent «une avancée importante» pour la garantie des prochaines élections. La délégation a eu également des discussions avec Mohamed Nadhir Hamimid, président du groupe d’amitié parlementaire Algérie-UE, et Abdelhamid Si Afif, président de la commission des affaires étrangères à l’APN. «Nous sommes appelés à établir une analyse sur le processus électoral dans son ensemble», a précisé Delphine Skowron après une rencontre avec des responsables du FLN. Les rencontres de la mission européenne à Alger, avec des animateurs du mouvement associatif et des représentants des médias notamment, permettront d’avoir une idée assez large sur le contexte politique et juridique. Les règles en la matière prévoient une observation d’au moins trois mois avant la date du scrutin. L’élaboration du fichier électoral, le rapport de l’administration centrale et locale avec l’opération électorale et l’application des lois relatives aux consultations populaires seront étudiés en priorité. Ouverture conjoncturelle L’accès équitable aux médias des candidats, ceux de l’opposition surtout, sera suivi de près. Il est connu en Algérie que les médias dits publics, tels que la télévision et la radio, ne s’ouvrent aux opinions de l’opposition et de la société civile autonome qu’en période électorale. A Bruxelles, on semble bien informés sur cette situation et on s’étonne de la non-application de l’orientation faite par Bouteflika en avril 2011 «d’ouvrir» les médias lourds à la société. Les mesures restrictives introduites dans la nouvelle loi sur l’information qui limitent largement l’action des journalistes algériens seront également prises en compte dans la décision européenne de venir ou pas observer les législatives. Sera analysé aussi le comportement des autorités face à la liberté d’expression et à la liberté de rassemblement. L’UE est préoccupée par le fait que les Algériens, étudiants, société civile, partis ou syndicats, n’ont toujours pas le droit de manifester librement et pacifiquement dans les rues malgré la levée de l’état d’urgence en 2011. Les interdictions faites par les autorités pour empêcher les marches ne sont basées sur aucun appui légal. Aussi, l’opportunité et l’utilité d’accompagner l’opération électorale seront profondément étudiées par l’équipe de Delphine Skowron (Mme Skowron a mené la mission d’observation lors des élections tunisiennes pour l’Assemblée constituante). Les aspects sécuritaires seront aussi passés au crible pour savoir si l’insécurité sera ou ne sera pas un instrument de pression sur les électeurs et sur les candidats. Alger et Bruxelles doivent signer un protocole à travers lequel les autorités algériennes précisent les garanties d’organisation d’élections libres et transparentes. La mission de l’UE n’a eu jusque-là que des «assurances verbales». La mission remettra son rapport à Catherine Ashton, haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, qui décidera en dernier ressort. Autrement dit, la présence d’observateurs lors des élections législatives de mai prochain n’est pas encore acquise, même si l’Algérie est classée dans une liste de «pays prioritaires». La décision sera annoncée à la mi-mars 2012. A Bruxelles, on indique que par le passé, l’UE n’a délégué aucune mission à observer des élections en Algérie. Des parlementaires européennes étaient venus lors de précédents scrutins, mais n’avaient pas qualité de représenter l’UE. Outre l’UE, l’Algérie a, pour rappel, invité la Ligue arabe, l’Union africaine, l’Organisation de la conférence islamique (OCI) et l’ONU à envoyer des observateurs pour les législatives prochaines. Invitation présentée comme «une garantie de la régularité du prochain scrutin». La Ligue arabe, qui a changé de couleur depuis la chute des dictatures en Egypte, en Tunisie et en Libye, n’a pas encore répondu à la demande algérienne.
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