Algérie

La préférence étrangère Edito : les autres articles


La préférence étrangère                                    Edito : les autres articles
Le patron du groupe Cevital, Issad Rebrab, qui n'aime pas d'habitude étaler sur la place publique les déboires rencontrés dans ses projets d'investissement, préférant la discrétion dans l'action plutôt que la confrontation directe avec les centres de décision du pouvoir, a décidé de prendre à témoin l'opinion sur les blocages inexpliqués auxquels il fait face concernant certains de ses projets pourtant stratégiques pour le pays. Dans un entretien à El Watan paru dans l'édition d'hier, M. Rebrab met les pieds dans le plat en évoquant le projet du complexe sidérurgique de Bellara, à Jijel, confié aux Qataris, alors que, regrette-t-il, le dossier en acier trempé présenté par son groupe avec toutes les garanties de financement a été bloqué pendant trois ans. Les scandales des affaires de pots-de-vin qui ont éclaboussé certains secteurs d'activité ont mis à nu les pratiques maffieuses régissant les opérations d'octroi des marchés publics.
La tentation du recours aux entreprises étrangères a gagné même le secteur de la sous-traitance dans lequel nos PME et PMI peuvent rivaliser sans complexe, en termes de compétitivité et de coût avec les sociétés étrangères. Dans bien des cas, il est arrivé que l'on sollicite une assistance étrangère qui ne se justifie ni stratégiquement ni économiquement. Alors qu'avec la crise qui a fragilisé même les économies des pays développés, on assiste à un retour ' à la limite du chauvinisme ' du dogme de la préférence nationale, à l'exaltation des valeurs du patriotisme économique à coups de relocalisation et de nationalisation des entreprises pour sauver l'outil de production nationale, et renouer avec la croissance, chez nous on fait l'exact contraire de ce que la situation de grave crise que traverse le monde nous impose de faire pour amortir ses contrecoups.
On fait tout pour décourager les moyens nationaux, comme le patron de Cevital vient d'en faire outrageusement les frais. La récente rencontre entre le Premier ministre avec les partenaires sociaux et économiques apparaît à cet égard totalement décalée par rapport à la réalité. Dans le sillage de l'ouverture tous azimuts de l'économie nationale aux IDE (investissements directs étrangers), on a permis toutes les dérives et les délits qui ont forgé une réputation moralement infamante et économiquement lourde de conséquences à notre pays qui caracole en tête des Etats où le fléau de la corruption est devenu institutionnel. Jusqu'ici, les affaires de corruption, de passe-droits et de favoritisme grassement rétribués en devises sonnantes et trébuchantes et autres privilèges matériels n'ont touché que des cadres d'entreprises (PDG et autres responsables à un niveau intermédiaire) qui ont loué leurs services en utilisant leurs relations et leurs fonctions pour obtenir des marchés publics pour le compte de sociétés étrangères.
Ce n'est pas demain que l'on verra chez nous un ministre ou le président de la République cités à comparaître devant la justice pour des affaires de suspicion légitime dans l'octroi d'un marché ou de corruption présumée, comme on l'a vu en France avec l'audition de l'ancien président Nicolas Sarkozy ! En Algérie, immunité rime avec impunité. Quand on jouit de l'immunité, de par sa fonction où la protection qu'offre l'appartenance au sérail, c'est pour la vie. On n'est inquiété ni avant, ni pendant, ni après l'exercice de la responsabilité.
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