Algérie

La pratique est répandue chez les entreprises étrangères du sud



11 milliards de dollars transférés vers l’étranger en une année Des experts parlent de transfert de sommes colossales, des sommes jamais égalées, se chiffrant en milliards de dollars, vers l’étranger. Les entreprises étrangères, plus particulièrement celles activant dans le secteur des hydrocarbures, opèrent les plus importants transferts. En 2006-2007, c’est-à-dire en une année, ce sont près de 11 milliards de dollars qui ont été transférés vers les organismes financiers étrangers. Selon le président de la commission des exportations et de la coopération à la CACI (Chambre algérienne de commerce et d’industrie), Mustapha Korichi, qui intervenait récemment sur les ondes de la radio nationale, «les entreprises travaillant en collaboration avec la Sonatrach ont opéré des transferts de près de 11 milliards de dollars vers l’étranger». «On citera la cas tout particulièrement d’une entreprise -celle-ci n’a pas été nommée- qui a transféré en une année 500 milliards de dollars», dira-t-il. «Si nous continuons sur ce chemin, avertit le représentant de la CACI, ce sont d’autres sommes en devises gagnées grâce au pétrole mais également aux exportations hors hydrocarbures qui se ‘vaporiseront’.» Il faut savoir que les entreprises qui «investissent» en Algérie le font surtout parce qu’il y a une manne financière importante en jeu. Il est question, depuis le lancement en 2000 du plan de relance économique et du plan de consolidation de la relance, de plus de 140 milliards de dollars. La ruée ne s’est donc pas faite attendre surtout de la part des compagnies étrangères activant dans le pétrole, encouragées par la loi de 2006 sur les hydrocarbures. Mais les transferts sont également rendus possibles grâce à une plus grande ouverture de l’économie nationale à la concurrence. Malgré le scandale Khalifa qui a révélé des transferts illégaux de devises en milliards de dollars, la saignée se poursuit ainsi. En 2006, la Banque d’Algérie a bien tenté de limiter les transferts à travers le durcissement du contrôle. La mesure consistait en un contrôle systématique des opérations d’exportation et d’importation. On parlait alors des marques européennes qui avaient ouvert des magasins franchisés en Algérie qui étaient particulièrement visées. Des entreprises qui, faute de législation claire sur le transfert des royalties, recourent à la surfacturation de leurs produits. Et les autorités avaient soupçonné plusieurs groupes étrangers d’ignorer la réglementation algérienne en matière de change. C’est en 2007 que la législation a été renforcée. L’une des mesures est destinée à lutter contre la fuite des capitaux vers l’étranger avec l’interdiction de constitution d’avoirs monétaires, financiers et immobiliers à l’étranger par les résidents à partir de leurs activités en Algérie. Mais rien n’a été fait pour limiter les transferts opérés par les étrangers. Avec la liberté d’action et de l’entreprenariat, les entreprises étrangères auront toute la latitude de renvoyer l’argent gagné en Algérie vers leurs pays d’origine, sans risque de se voir dérangées par les autorités.   Tahar A.O.


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