Algérie

La pratique commerciale boudée par les consommateurs



Ce mode de vente destiné à faire écouler les stocks n'a pas séduit les consommateurs, en raison de l'érosion du pouvoir d'achat et de réductions estimées peu intéressantes.La période des soldes d'hiver, qui entame sa deuxième semaine, affiche un bilan des plus mitigés. Aucune effervescence ou affluence inhabituelle sur les commerces n'est à signaler, de l'avis même des commerçants. Cette période va durer six semaines. Elle a débuté le 14 janvier en cours et se poursuivra jusqu'au 24 février prochain, durée légale de cette pratique commerciale.
Constatons sur place. Ils ne sont pas nombreux les magasins qui se sont mis à l'heure des soldes. Ils se comptent sur les doigts de la main. Au centre-ville du moins. Quelques commerces ont affiché des réductions sur leurs devantures, qui sont de différents taux. Un pantalon pour femme vendu à 3800 DA est affiché à 2800 DA. Idem pour les pulls, dont le prix initial est de 4200 DA et qui sont cédés à 3800 DA.
Un rabais de 1000 DA, parfois moins, ne peut pas constituer ce qu'on peut qualifier de «bonne affaire». Les clients ne se bousculent pas au portillon. Les commerçants, pour leur part, se plaignent du manque d'affluence. Au niveau des artères principales du centre-ville, ils sont très peu à placarder des réductions à cet effet.
Un magasin, spécialisé dans la vente de chaussures, a recours aux soldes d'hiver et d'été pour déstocker ses invendus. Pour cette année, la pratique commerciale a du mal à démarrer et le chiffre d'affaires semble incertain. «A ce jour, il n'y a aucune frénésie, très peu de ventes effectuées. Les clients trouvent les prix trop élevés, même après les remises». Sauf que les réductions de 50% affichées dans les vitrines et à l'intérieur des commerces s'avèrent être en réalité inférieures à ce taux.
Le client qui s'attend à acquérir une paire de chaussures à moitié prix devra finalement bénéficier juste d'une remise de 30%, voire moins. Le prix initial de 12 500 DA, une fois réduit de moitié, n'est certainement pas 8500 DA, comme il est affiché. Ce genre de «tricherie» devient légion dans pareille période. Les services de contrôle devraient se pencher sur ce genre de dépassements, adoptés même par des commerçants qui ne détiennent pas l'autorisation de pratiquer les soldes.
Car, faut-il le rappeler, tout commerçant voulant bénéficier de la période des soldes devra introduire une demande d'autorisation auprès de la direction du commerce, accompagnée du descriptif de la marchandise concernée, qui doit dater d'au moins trois mois du début des soldes, des factures et des prix initiaux et ceux des réductions. Moins de 20 autorisations ont, jusque-là, été délivrées, selon les services compétents.
L'austérité est passée par là
Samedi, 14h30, à la nouvelle ville de Ali Mendjeli. Par cette journée pluvieuse, beaucoup de monde est venu se réfugier à l'intérieur d'un centre commercial très coté. Quelques magasins d'habillement offrent des promotions allant de 30 à 50%. Là aussi, les clients affluent, mais sans pour autant débourser le moindre centime. «Jusqu'à cette heure-ci, je n'ai vendu aucun article, quand bien même les prix sont abordables», nous confiera une vendeuse en prêt-à-porter.
Même son de cloche auprès de deux autres vendeurs. La période des soldes n'incite pas les gens à consommer, le pouvoir d'achat érodé par la hausse des prix a réduit les dépenses des familles. «A 6000 DA, il m'est impossible d'acheter cette doudoune. Je cherche des réductions de 50%, sinon rien», nous dira Samira, agent administratif.
Après avoir fait le tour du centre commercial, le constat est sans appel : il n'y a pas de rush sur les soldes cette année. L'austérité s'est imposée de fait aux citoyens à cause de la flambée des prix. La consommation tous azimuts est-peut-être en train de reculer.


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