Algérie

La pratique artistique coûte que coûte La formation est encore au stade embryonnaire


La pratique artistique coûte que coûte                                    La formation est encore au stade embryonnaire
De notre correspondant à Oran
Samir Ould Ali
S''il avait fallu compter sur l'école pour déceler le potentiel artistique de l'enfant, le stimuler et le développer jusqu'à le porter à éclosion, on ne parlerait probablement pas aujourd'hui de ces groupes de musique, troupes de théâtre, peintres... de ces milliers d'artistes qui - seuls ou en groupes - s'obstinent à vouloir exercer leur art en dépit de tout, et animer un paysage culturel insipide.
«La majorité des artistes sont des autodidactes qui ont appris l'art sur le terrain, loin de l'école et des structures officielles sclérosées», soutient-on dans les milieux artistiques en déplorant l'absence chez les dirigeants algériens d'une volonté de promouvoir la création artistique. C''est, sans doute, pour cela que l'on ne retrouve pas une véritable politique d'éducation artistique dans les écoles où les matières de dessin, de musique et de chant - lorsqu'elles sont enseignées - ne font pas l'objet de l'attention qu'elles méritent auprès des différents responsables de l'éducation nationale ni ne suscitent véritablement l'intérêt de parents d'élèves pour lesquels maths, sciences et physiques demeurent autrement plus «importants» et «bénéfiques» pour l'avenir de leurs enfants. Ce souci très pragmatique n'empêche cependant pas de nombreux parents de chercher à encourager les velléités artistiques de leurs enfants en leur assurant des cours, soit dans des maisons de jeunes, auprès d'associations culturelles ou chez des particuliers. «Mon fils a toujours démontré des capacités musicales sûres, explique le père de Rafik, jeune guitariste d'une vingtaine d'années. Et lorsqu'il a émis le désir d'apprendre à jouer d'un instrument de musique, nous avons passé un accord, je l'aidais à assouvir sa passion à condition qu'il prenne soin de ses études. Je n'ai pas été déçu : il est aujourd'hui inscrit à l'université de Sénia et s'adonne à sa musique dans un groupe.» Pour cet enseignant universitaire, la pratique artistique, qu'il a financée de bout en bout, a aidé son fils à franchir avec plus ou moins de bonheur toutes les entraves qui jalonnent le parcours scolaire d'un enfant et participe, aujourd'hui, de son épanouissement dans sa vie d'adulte. La pratique artistique est, d'ailleurs, à ce point importante aux yeux de notre interlocuteur dont la fille de 18 ans a développé un talent sûr dans les arts plastiques et ses toiles, qu'elle a réalisées au cours de son adolescence, ornent déjà les murs de l'appartement familial. Pour la mère de Mina, fillette de huit années, scolarisée en quatrième année primaire, le rôle de l'éducation artistique dans le développement de l'enfant est primordial même s'il est évident qu'il n'est (presque) pas question de parler de carrière artistique dans l'état actuel des choses. «Je parle d'épanouissement et non pas de carrière, car il est évident qu'il est impossible d'envisager un quelconque avenir artistique dans notre pays. Ou alors, il faut s'exiler», souligne-t-elle en évoquant l'avenir de sa fille qui, en dépit de son jeune âge, a déjà quatre années de danse dans les jambes. Ainsi, même si personne ne songe sérieusement à la carrière artistique ' il faut reconnaître que le quotidien de l'artiste algérien n'est pas très enviable ' les bienfaits reconnus de la pratique des arts ne laissent pas indifférent.
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