Photo : Riad
De notre correspondant à Oran
Samir Ould Ali
Dans une école algérienne qui n'accorde pas encore à la vie culturelle toute l'attention qu'elle mérite, la décision officielle d'organiser des activités artistiques pour commémorer la journée du savoir (comme d'autres occurrences, d'ailleurs) ne peut être prise que pour ce qu'elle est : le simple désir de sacrifier à une tradition une routine, sans véritable ambition d'imprimer une nouvelle dynamique de promotion des arts et de la culture. Lundi prochain, 16 avril, des élèves de certains établissements scolaires vont probablement être invités à composer des vers, à tenter des croquis ou des sculptures et à pousser des chansonnettes à la gloire de Abdelhamid Ben Badis et autour de thèmes liés au savoir et ses vertus. Il ne sera, évidemment, pas permis de sortir du cadre conformiste de l'école et des pratiques rigides en usage dans ce genre de manifestations, et ceux parmi les collégiens ou lycéens, un peu dans le vent, qui voudraient s'exprimer à travers les trop irrévérencieux rai ou rap, devront probablement céder la place. «A la fin de la journée, tout le monde rentrera chez lui avec, au mieux, le sentiment d'avoir passé une journée un peu différente à l'école, mais jamais sur la certitude d'avoir entamé quelque chose de sérieux, de durable», estime cette mère de famille qui, avec deux enfants adolescents, a déjà assisté à plusieurs journées du même type. «C'est toujours la même chose, ce sont juste des journées commémoratives !», dira-t-elle. La logique aurait pourtant voulu que les arts soient enseignés tout au long de l'année dans les écoles, collèges et lycées et que ces journées commémoratives (du Savoir, de l'Enfance, du Chahid, de la Femme... bref, toutes les dates anniversaires) constituent l'occasion de vérifier auprès des invités les progrès réalisés, l'étendue du travail accompli ou qui reste à accomplir dans la formation des artistes de demain. La logique aurait également voulu que des responsables des secteurs de l'Education et de la Culture mettent ces journées à profit pour jauger des talents potentiels et s'enquérir des besoins de l'école (les concernés affirment manquer de tous les moyens matériels) qui permettraient aux élèves de développer leur sens artistique.Il n'en est rien malheureusement, et dans ce cas précis, l'école est restée figée en dépit des engagements ministériels allant dans le sens de la promotion de la culture : «Les établissements scolaires ne disposent pas des outils nécessaires et les parents qui croient voir en leurs enfants un quelconque penchant pour les arts sont contraints de les inscrire à des cours particuliers, qui peuvent se révéler très chers, ou dans des associations culturelles», déplore cet enseignant du secondaire de la wilaya d'Oran. «Mais le plus grave est que nous ne sentons pas une réelle volonté de changement...»Pour cet enseignant comme pour les parents d'élèves, ce ne sont certainement pas les festivités conjoncturelles qui apporteront les changements attendus...
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Posté Le : 11/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : S O A
Source : www.latribune-online.com