Algérie

La poutre dans l''il



La poutre dans l''il
Les couacs de la communication sont-ils les ratés de ceux qui les provoquent personnellement ou vont-ils puiser les raisons de leur commission dans la politique à laquelle la propagande moderne croit venir en appui ' On sait que du côté d'El Mouradia, le président Bouteflika avait tranché à sa manière : en dehors de lui, point de communicant et, en vertu de ce postulat, la première institution de la République se passera de porte-parole tant que lui est aux affaires. Sauf que sa période de convalescence a créé un vide en la matière. Et comme la nature a horreur du vide et qu'il fallait bien traduire la pensée du chef et porter sa parole, des responsables politiques du pré-carré et de la périphérie se sont mis à parler en son nom. Ce qui n'est pas en soi un crime de lèse-majesté au regard du contexte de semi-vacance du pouvoir présidentiel. La parenthèse semble à présent fermée, mais quel spectacle affligeant nous avaient offert le Premier ministre, de fait patron de l'Exécutif et le secrétaire général du parti du FLN, alors tous deux engagés dans une surenchère cacophonique autour du porte-parolat présidentiel. Le Premier ministre, adepte du direct et de la langue populaire (ce qui est une grande qualité) ne pouvait pas ignorer les risques des «tirs sans sommation». Cela déridait les auditoires et faisait rire les téléspectateurs. Mais à trop se laisser glisser sur une pente agréable, il était écrit qu'un jour il oublierait que la planche pouvait être savonneuse. En d'autres temps, sa boutade malheureuse sur les Chaouis, qui a défrayé la chronique sur les réseaux sociaux et même au-delà, aurait été déplorée, rejetée, sans plus. Car, qui peut penser un seul instant que M. Sellal pouvait faire sienne la «morale» d'une telle blague insipide ' La leçon -car il y en a une, nécessairement- est qu'en politique il faut retourner sa langue huit fois plutôt que sept avant de parler en public. Plus encore, la politique étant l'art de communiquer, autant ne pas le négliger. Ce n'est malheureusement pas l'image qui nous est renvoyée par la précampagne électorale pour la présidentielle du 17 avril.De l'autre côté aussi, des dérapages contrôlés, c'est-à-dire volontaires et assumés, se font jour et visent rien moins qu'à, soit conditionner l'opinion sur des dangers factices ressassés comme une antienne, soit frapper d'anathème des forces nouvelles nées d'une morosité devenue mécontentement pour finir en refus exprimé. Moussa Touati, candidat pour la troisième fois, vient d'en rajouter une couche. La cible de son attaque d'hier est le nouveau-né «Barakat», un mouvement pacifique à composante majoritairement jeune et dont l'objectif unique, pour l'instant, est de s'opposer à un «Quatrième mandat» et de réclamer «Le départ du Système». Pour le président du Front national algérien (FNA), «ceux qui scandent ??Barakat'' [...] serviraient un agenda étranger visant à déstabiliser le pays». Ah, l'étranger, toujours cette fantomatique main de l'étranger qui, curieusement, ne manifeste de velléités que quand le mécontentement gronde en Algérie. Moussa Touati, ce faisant, ne fait qu'emboiter le pas à sa cons?ur géostratège Louisa Hanoune qui vient d'identifier une main française dans les affrontements intercommunautaires de Ghardaïa. Etant entendu, par ailleurs, que ceux qui s'expriment au nom des partis du pouvoir, voire du pouvoir, ne rechignent pas à recourir au même argument éculé et à ressortir les mêmes vieilles lunes sous prétexte de stabilité nationale.On rirait de tant de dérision et d'argumentation grotesque n'étaient les risques, eux bien réels, que font peser sur le pays des mains qui n'ont rien d'étrangères. Alors, de grâce, arrêtez de prendre vos compatriotes pour des canards sauvages, des oies, et de voir la poutre dans l'?il du voisin quand elle est fichée dans le vôtre d'abord.A. S.




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