Algérie

La potion amère du sucre



La potion amère du sucre
Les derniers chiffres donnés par le Cnis (Centre national de l'information et des statistiques des douanes) ont de quoi faire sursauter. Ils nous apprennent que l'exportation du sucre a augmenté au cours du mois de février de cette année de plus de 425% par rapport à la même période de l'an passé. C'est énorme! Il y a des raisons à cela. D'autant que nous ne sommes pas producteurs de sucre. Alors on exporte quoi' Le sucre blanc obtenu du sucre roux qui, lui, est importé! On exporte ce qu'on importe' Eh, oui! Mais quel est l'intérêt' Il y a l'intérêt de l'industriel qui se lance dans ce créneau. Rien pour l'intérêt général. Au contraire, que des pertes. Explications: au lieu d'intégrer la culture de la betterave pour disposer localement de la matière première, les industriels de cette branche préfèrent le sucre roux, importé de l'étranger pour le «blanchir» avant de le commercialiser. D'ailleurs, il fut un temps où la culture de la betterave existait dans notre pays. Pas à l'époque néolithique, seulement dans les années 1970 et 1980. Et puis, un jour, il a été décidé d'arrêter purement et simplement cette culture. Depuis, l'Algérie ne produit plus de sucre. Elle le transforme. Alors et au-delà des raisons qui ont pu conduire à l'extraordinaire augmentation de l'exportation de février dernier, pourquoi l'Algérie s'obstine-t-elle à importer le roux au lieu du blanc' Il faut le demander au gouvernement! Que gagne le pays en exportant l'excédent de la transformation' Rien puisqu'il dépense des devises à l'importation dont il ne récupère que 60% des recettes en devises de l'export. Les 40% restants vont dans le compte devises des producteurs, pardon, des transformateurs. C'est la loi. Depuis le 19 octobre 2011, les exportateurs de sucre ont vu la part des recettes d'exportations qui leur est rétrocédée, passer de 20 à 40%. Arrêtons-nous sur ce seul volet. Quand on exporte un produit, cela signifie que la production est excédentaire. Que nous ayons atteint l'autosuffisance et par voie de conséquence, sur ce produit, la sécurité alimentaire est assurée. Cela paraît logique, sauf que tout est biaisé. Nous n'avons aucune sécurité alimentaire car notre approvisionnement en matière première provient des marchés internationaux. Donc de l'importation en devises sonnantes et trébuchantes. Le sucre est acheté à l'étranger et repart (en partie), transformé, à l'étranger. Où est l'intérêt pour le pays' Les emplois' Il est vrai qu'en période de chômage, il est difficile d'y toucher. Mais disons, tout de même, que ces emplois nous coûtent plus cher que la normale. Plus cher que si nous cultivions de la betterave (cela créerait des emplois). Ajoutons à cela les pertes en devises pour le Trésor des fameux 40% des recettes d'exportations rétrocédés aux transformateurs. Un gain en plus des bénéfices qu'ils réalisent. Actuellement, ces bénéfices sont même en hausse vu la baisse du prix de la matière première sur le marché international. Ceci en plus, également, des avantages fiscaux liés aux opérations d'exportation en vue de sortir, en principe, de la dépendance des hydrocarbures. Il faut reconnaître que dans cette affaire, l'Etat n'a pas été malin. Il s'est fait avoir. Et nos deniers avec. Pourquoi avoir autorisé l'implantation d'une industrie de transformation ayant des capacités dépassant nos besoins' Pourquoi n'avoir pas conditionné cette autorisation à l'intégration de la culture locale de betteraves' Mais revenons aux chiffres du Cnis. Les recettes de l'export de sucre, en février, représentent 35 millions de dollars dont 14 millions de dollars vont dans le compte devises des exportateurs en vertu de la loi. Ce n'est là que l'exemple d'un seul mois. Que dire de ce sucre qui nous coûte cher, très cher' Et qui nous laisse toujours dépendants' Que la potion est bien amère!


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