Algérie

La posture du «sphinx»



Quand la nation, pour une raison où une autre, se prend à douter et que son moral fléchit, c'est auchef de l'Etat qu'il incombe de rassurer en montrant le cap et de fairecomprendre qu'il y a un pilote à la barre du navire Algérie.Parce qu'ils sont en manque de visibilité du vers où valeur pays et confrontés à un quotidien dont l'amère réalité contredit lediscours officiel des pouvoirs publics, les citoyens cultivent présentement untel état d'esprit qui s'exprime par la grogne sociale et parfois par desactions de protestation qui vont en mobilisant de plus en plus de monde.Peut-être que pour Bouteflifa, ceclimat délétère ne revêt pas la gravité dont le créditent d'autres acteurs politiqueset les observateurs de la scène nationale. Ce qui expliquerait son attitudelointaine, détachée des débats alarmistes qui accréditent la thèse d'unel'Algérie au mur.La posture du « sphinx » a peut-être pour avantage dedésorienter et de tétaniser les adversaires politiques; mais à trop durer, ellesème le désarroi dans l'opinion publique et la rend réceptive à toutes lesmanipulations. Or, c'est précisément une « manipulation » que le chef dugouvernement a dénoncée derrière les mouvements de grève à répétition qui affectent la fonction publique. La paralysie de l'appareild'Etat, même partielle, pour des « buts politiciens », comme le soutient Belkhadem, aurait dû faire réagir le chef de l'Etat pourouvrir les yeux à cette masse de fonctionnaires «instrumentalisés». Quandl'appareil d'Etat sur lequel reposent la conduite etla gestion du pays est lui-même en proie à la contestation, c'est assurémentque le malaise est réel et général.Le mutisme et le calcul politique tactique ne sont plus de mise dans ces conditions. En cette journée du 24 avril, dédiéeau souvenir de la contribution du monde syndical et des travailleurs à la luttede libération nationale et à celle de l'édification économique du pays, lePrésident aurait pu se manifester pour au moins dissiper les «malentendus» etles motifs de crainte qui alimentent le malaise et les tensions sociales quis'expriment dans ce milieu et dans toute la société d'une manière générale. C'étaitl'occasion d'apaiser leurs inquiétudes et de leur délivrer un message d'espoir.Au lieu de cela, il a préféré faire l'impasse sur une «explication les yeuxdans les yeux», laissant libre ainsi d'enfler la rancoeur en leur sein d'êtreen prise avec le mépris dont ils s'estiment être traités.Ces tensions sociales qui s'exercent actuellement sont entout cas un révélateur autrement plus crédible de l'état d'esprit populairegénéral que les mascarades organisées par la faune des courtisans en faveur dutroisième mandat. N'est-ce pas finalement ce constat qui pousse ce monde dezélés opportunistes et intéressés à suggérer avec insistance de soumettre larévision de la Constitution non pas à référendum mais à l'approbation parlementaire? L'Algérie, pays bloqué et sans perspectives, est uneréalité que tout le monde constate, y compris ces courtisans quand ilss'expriment hors du champ médiatique et dans la sécurité des apartés en salonsprivés.


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