Algérie

La posture attentiste du paysage politique



Au moment où le pays engage un immense chantier historique, en vue d'une refondation globale de son système de gouvernance, des voix discordantes et des intonations malvenues tentent de semer le doute et l'incertitude sur l'utilité et la justesse des chantiers engagés. Certaines visées, malsaines celles-là, tentent aussi de brouiller le champ des débats dans le but de restreindre sa portée et travestir sa couvée. Dans ce sillage, les déclarations de Réda Tir, président du Conseil national économique, social et environnemental, Cnese, à la Chaîne 3, au sujet de l'ouverture des sites de son organisme «à la médiation et à la saisine citoyenne autour des grandes questions d'actualité économique, sociale, environnementale, etc.», recadrent, une nouvelle fois, les débats sur ce volet. Réda Tir, évoquant la contribution de la société civile dans ces débats déterminants, à travers des propositions, a fait savoir que «des pétitions populaires allant jusqu'à 200000 signatures peuvent activer la saisine citoyenne autour des questions de grande importance à l'échelle nationale». Ces saisines citoyennes peuvent également s'effectuer via des cercles de réflexion, des associations, de la société civile et autres. Une manière d'impliquer les potentiels dormants et experts dans la vie politique, économique et sociale du pays. Or, dans les pays développés, il existe certaines structures rodées et efficaces qui sont partie prenante du système politico-économique en place et exercent une influence positive dans l'élaboration et la mise en oeuvre des programmes gouvernementaux. Il s'agit des think tanks et des lobbys nationaux, illustrant la nouvelle industrie du savoir, qui occupent une place prépondérante dans la vie politique publique des principaux pays occidentaux. Ils sont plus de 1500 à activer aux USA et près de 2000 en Europe, exerçant une réelle attractivité sur la vie politique et économique des grands pays de l'Union européenne.Le président du Cnese a, également, évoqué l'intégration de compétences et d'expertises, qui peuvent, à leur tour, faire appel à des partenariats ou réactiver des lobbyings à l'international et impliquer la diaspora. «C'est l'objectif d'une assemblée pareille... L'activation des lobbyings à l'international permettra de jouir des influences, des expertises et des appuis au niveau de certaines institutions internationales névralgiques...», dira Tir, faisant allusion à l'intelligence économique et stratégique à déployer en urgence par nos élites. Véritables laboratoires d'idées, les Think-Tanks sont le talon d'Achille de la société civile algérienne et de la classe politique nationale. Orientant les débats publics et dirigeant la réflexion générale, ces nouvelles structures civiques d'influence ont pris de l'importance dans les grandes nations actuelles. Cloîtrées dans des postures d'attentisme, de spectateurs perfides ou d'opposition foncièrement tronquée, les formations politiques persistent dans leur statu quo, à défaut de proposer des pistes de réflexion, d'organiser des workshops ou des cycles de débats autour des grands thèmes d'actualité. Ces dernières ne se bousculent pas au portillon pour apporter leur contribution au débat actuel sur le mode de gouvernance à emprunter ou à choisir pour mener le pays vers le rivage de la sécurité. Bien au contraire, le débat est souillé par une sorte de charlatanisme politique érigé en mode dans les discussions dans les réseaux sociaux et sur les plateaux télévisés. Même les débats télévisés autour des grandes questions économiques, sociales et politiques restent maigres et sans grande consistance. Un décor politiquement désertique et pauvre, dans lequel évoluent la société civile et, en particulier, la classe politique nationale. Pourtant, l'ébullition est de mise et les débats font rage, hors circuits officiels, autour des grands choix politiques, économiques et sociaux empruntés par le pays, en guise de solution à la crise multidimensionnelle actuelle.


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