Algérie

La pomme de terre à 15 Da/kg par 1 1 «Il suffit de 10 millions de dollars pour...»



« Avec 10 millions de Dollars, l'Algérie peut réguler le marché de la pomme de terre à moins de 20 Da le kilo » soutient Hasnaoui Brahim, le patron de la SODEA. Une affirmation que notre interlocuteur veut loin du populisme « puisque j'en ai administré la preuve par mes expériences, chiffres à l'appui ». Il s'agit d'un programme de 3ème génération pour la campagne 2006/2007, engagé dans plusieurs wilayate et qui fait suite aux premiers résultats d'une première campagne « avec le partenaire australien Technico » pour l'arrière-saison 2005, sur une surface de 4 hectares pour la G0/G1 à Sidi Bel-Abbès et d'une seconde multiplication étendue à Mascara et Tlemcen sur une superficie de 21 hectares. Pour son promoteur, le plan d'urgence que les bureaux de la SODEA proposent aux pouvoirs publics vainement, serait ainsi d'une simplicité arithmétique et loin des formules de chasse aux chambres froides des fameux « spéculateurs » ou des comités ad hoc pour réguler des prix à la consommation qui dépendent du marché mondial. Le but final étant « un prix de revient à 6 Da le Kg et un prix d'écoulement » qui « devra se stabiliser autour de 10 à 12 Da/kg » explique une étude de la SODEA. La solution « Hasnaoui », et pour faire très simple, se résume à un soutien total puis proportionnel aux cultures de production de la G0 et de la G1, G2 et G3 en plafonnant les prix de vente pour les producteurs, tout en aménageant des marges de bénéfices encourageantes. « Soit par des primes versées en deux temps : à l'approvisionnement après mise en pré-culture (...) sur le coût d'achat réel de la semence, puis à la certification pour 20 Da le kilo avec obligation de plafonner le prix de la vente de la semence certifiée de pré-base de G1 à 50 Da le kilo » par exemple. Une petite opération mentale permet de comprendre qu'avec ce soutien de l'Etat, le kilo de la G2 (2ème génération) avec un rapport multiplicateur de sept par exemple (un tubercule de la G1 donnant sept plants de la G2 et ainsi de suite), les prix à la vente ne peuvent que baisser sans toucher ni aux bénéfices, ni aux rendements puisque pour la G2 il est conseillé d'octroyer des primes de 12 Da/kg à la certification avec « obligation de plafonner le prix de la vente de la semence certifiée pré-base G2 à 30 Da ». Ceci pour l'une des hypothèses de solutions car, les bureaux de la SODEA en proposent d'autres dans les différentes analyses adressées aux institutions et ministère du pays « bien avant la crise actuelle ». « Dans le coût de la production de la pomme de terre, la semence représente aujourd'hui près de 70 % des charges. La solution est donc dans la réponse à cette question : comment faire pour que l'agriculteur puisse réduire ses coûts tout en gagnant de l'argent ? Si la semence est à 20 Da, la production et la vente ne peuvent qu'être inférieures à 20 DA. Avec 120.000 tonnes en G3, on peut satisfaire le marché national. Cela veut dire 1.200 tonnes en G2 et à peu près 200 tonnes en G1. En termes de superficies, cela veut dire des cultures de 50 ha, 400 ha, 4.000 ha respectivement. Sachant enfin que le coût de production par hectare est de 2 millions de DA, toutes charges confondues et pendant tout le cycle. Si l'Etat décide de soutenir la totalité des charges de la première génération, fixant le soutien au pourcentage à la deuxième génération et ainsi de suite tout en plafonnant les prix à la vente, ce qui se traduira par exemple pour la G1 par 100 millions de Da avec un prix de vente de 40 Da, le processus est lancé. Pensez-vous que 100 millions de Da sont un problème pour l'Etat ? ». Ce plan Orsec implique bien sûr des mécanismes de soutien « parallèles » pour assister les charges de productions, la réactivation des établissements de cultures bio-technologiques existants (SAGRODEV et ENARP), la réflexion pour une meilleure exploitation du parc délaissé des chambres froides à l'abandon (tournant au ralenti avec des coopératives de travailleurs impuissants), le recyclage « de l'immense corps des ingénieurs agronomes réduit à des fonctions de bureaucrates », et partant, « même la dé-bureaucratisation de l'agriculture, le règlement des statut des propriétés et des terres et la rationalisation du système du financement ». « Je m'explique mal les raisons d'un Etat qui taxe les entrants dans les produits de culture agraire à 17 % là où on réfléchit à baisser la TVA sur les produits de consommation directe » lance Hasanoui. Cela suppose aussi « l'assouplissement de la procédure de certification de la semence de pré-base en adaptant un moratoire dont bénéficieraient les établissements producteurs nationaux ». Ce plan semble avoir séduit, jusqu'à aujourd'hui les partenaires australiens de Technico « qui restent encore sur l'hésitation en demandant des garanties de sécurité du marché pour investir lourdement la filière sans gros risque de déstabilisation en Algérie ». La solution nécessite cependant enfin des préalables urgents comme le financement des banques encore récalcitrants, les laboratoires spécialisés à revitaliser ou à créer, l'identification de producteurs, la mise en place de cahiers des charges spécifiques, l'encadrement humain, le dopage des industries annexes pour consommer les surproductions, une réglementation assouplie pour l'obtention des certifications dans des délais raisonnables afin d'éviter les stockages trop longs et l'explicitation des instructions « en provenance de l'organe de contrôle » qui appellent à « d'incessantes explications », etc...


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