Algérie

La politique, la responsabilité et l'éthique



Une bonne politique publique, c'est la capacité qu'ont les systèmes publics à gérer des demandes et des problèmes publics, et à fabriquer du politique. Généralement, l'émergence d'une politique publique sectorielle, institutionnelle, administrative, économique, sociale ou sécuritaire, implique l'existence d'un agenda politique efficace qui peut paraître comme l'ensemble des problèmes perçus, appelant un débat public, voire l'intervention rapide et efficace des autorités politiques. Ces dernières peuvent et doivent définir une situation comme problématique parce qu'elles perçoivent des écarts entre ce qui est, ce qui pourrait être ou ce qui devrait être. Cette obligation de découvrir les problèmes et de les résoudre doit s'accompagner de procédures d'étiquetage qui les qualifient comme relevant de la sphère de compétence des autorités publiques. L'intervention de la société politique est donc très attendue, y compris par exemple l'option d'éviter de ne rien faire pour empêcher les jeunes de fuir le pays quitte à mourir au milieu de la mer et pour arrêter aussi ce massacre national qui est celui de l'hémorragie des ressources humaines compétentes, c'est-à-dire la fuite des compétences de ce pays (pilotes, docteurs, ingénieurs...) pour aller s'installer sous d'autres cieux. Cela nous laisse dire qu'il faut repenser la stratégie de développement en se basant sur la cohésion sociale et sur la notion de connaissance pour que l'Algérie cesse d'être un pays qui exporte seulement le pétrole et qui laisse s'expatrier la ressource humaine compétente sans se soucier de l'avenir de développement du pays. Il s'agit de dire ici qu'il n'y aurait jamais de développement dans ce pays sans la vraie valorisation de la science et de la compétence qui sont considérées dans le monde d'aujourd'hui comme les piliers d'industrialisation et de compétitivité. Il est donc important que ces deux majeurs problèmes des jeunes et de l'élite doivent être l'objet d'une perception réellement problématique et de points différents, susceptibles d'être débattus publiquement et techniquement. Ceci pour dire qu'une bonne politique publique dans ce domaine pourrait être le fruit de l'acteur gouvernemental avec bien sûr toute une série d'autres acteurs (ce que l'on appelle le système d'acteurs) mais surtout avec une prise de conscience et de responsabilité de l'autorité publique : elle doit consister en des actes réels et non en des non-actes. En effet, les actions publiques dans ce domaine peuvent être considérées comme des oeuvres collectives pour le bien collectif. Elles consistent à améliorer le présent et bâtir l'avenir pour une meilleure équité et qualité de vie de ces franges sensibles de population, la jeunesse et l'élite. En d'autres termes, ces actions publiques doivent avoir des autorités publiques qui se constituent un agenda, prennent en compte des demandes ou des intérêts manifestés par les corps sociaux concernés, fabriquent des programmes d'action, traitent des problèmes devenus publics et critiques pour le pays en formulant des réponses et en légitimant des décisions. Il s'agit de confier à des tiers, publics ou privés, un mandat d'exécution et de la faire mettre en oeuvre sur le terrain. Ainsi, l'autorité publique doit être confrontée aux résultats et aux conséquences de ses actes qui seront jugés et évalués. Des politiques publiques dans le sens de la valorisation de la jeunesse et de l'élite compétente pourraient être par essence une entrée privilégiée pour fonder le politique, l'économique et le social. La démarche primordiale consiste à consolider ou au contraire à modifier les enjeux, les ressources et les contraintes des acteurs et de l'action politique dans ces domaines pour un aboutissement certain. En ce sens, elles peuvent affecter l'ordre politico-économique, au moins en tant qu'éléments qui influencent les élections, les réformes institutionnelles, les projets économiques du gouvernement ou tout simplement le progrès du pays... Une politique qui réussit à rendre espoir à la jeunesse et à valoriser la compétence des élites doit toujours s'inscrire dans un cadre général d'action pour permettre de distinguer en principe une politique publique positive de simples mesures isolées. La politique suivie doit sûrement provoquer au sein de cette frange de population des jugements quant à la réussite des réalisations rendues possibles dans ce domaine ou à leur échec dont l'autorité politique est tenue pour comptable ou responsable. L'obligation de construire un destin collectif commun avec une jeunesse et une élite non écartées, bien intégrées et épanouies pour vivre en paix sociale, amène à s'interroger sur les concepts d'éthique et de responsabilité. Cette dernière (la responsabilité), c'est-à-dire reconnaissance de l'interdépendance de l'individu avec ses semblables, est une des dimensions fondamentales de l'éthique, en ce qu'elle éclaire la plupart des choix. Etre responsable, c'est assumer et assumer les autres. Selon D. Virginie, «l'éthique positive est une réflexion sur les conditions de la vie bonne ou d'accès au bonheur...» Pour Jurgen Habermas, «l'éthique ne concerne pas ce qui est bien mais ce qui est juste». Enfin, cette petite discussion sur l'éthique se trouve alors dans ce cas déplacée vers les conditions sociopolitiques permettant de faire le «juste» pour ces jeunes et ces élites qui vivent en Algérie. Force est de conclure que l'enjeu et la portée du principe de responsabilité vont bien au-delà des règles que l'on essaye, dans le cadre de la bonne gouvernance, de promouvoir sous le terme d'accountability. Il ne s'agit alors que de soumettre l'activité de l'Etat, des ministères, des collectivités locales et des administrations à l'obligation de rendre compte par exemple dans les domaines concernant cette jeunesse et cette élite, d'améliorer leurs conditions de vie, de changer la société et de développer le pays. *Docteur en sciences politiques (politologue)


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