Algérie

La politique et les menottes



Le bruit fait autour de « la fronde » au sein du MSP avant le congrès de la semaine écoulée a brusquement cessé. Bien orchestré, ce tapage était programmé pour s?évaporer après ces assises. Plus question de remettre en cause le règne de Bouguerra Soltani sur ce mouvement. A la tête du parti depuis cinq ans, Bouguerra Soltani, deux fois député depuis 1997 et quatre fois ministre, a succédé à lui-même, consacrant l?absence totale de l?alternance au pouvoir au sein des partis de l?alliance présidentielle. Le nouveau chef ne s?est pas contenté de créer une grave crise à l?intérieur du MSP, vite absorbée par l?opacité et les man?uvres basses, mais il a cautionné un forcing pour se maintenir à son poste aidé par les instruments habituels de mise au pas. Sur le site internet du parti, c?est déjà l?hystérie : une grande photo du chef avec un « Mabrouk » doré et un chant à la gloire du gagnant au titre de Ya chaykhou. On n?est pas loin du culte de la personne ! Au lieu de plaider pour la conciliation et d?essayer de comprendre les raisons de la contestation, Bouguerra Soltani a voulu ridiculiser ses adversaires comme seul peut le faire un mauvais vainqueur. Il a usé d?un langage qui met à nu l?esprit d?un homme rejetant toute forme de différence. Ceux qui étaient contre sa candidature sont pour lui des « cabinards ». En somme, une version artificielle de la théorie de la conspiration. « Ils voulaient me mettre les menottes », a crié le successeur de Mahfoud Nahnah sans préciser l?identité des « ils ». A-t-il des choses à se reprocher ? C?est évident : l?alternance, par les méthodes civilisées, n?existe pas au sein du MSP. Sans autonomie, cette formation est un faux parti d?opposition. Elle n?est pas un parti de pouvoir non plus. C?est juste un mélange qui décore le faire-semblant général. Le coup d?Etat engagé contre ceux qui voulaient apporter un peu de changement à ce parti islamiste est un autre signe de la vraie-fausse démocratie algérienne. Celle qui se recycle sans fin depuis au moins quinze ans. Le récent congrès de l?UGTA, ex-syndicat unique, qui a maintenu à son poste l?actuel secrétaire général, est un autre exemple du folklore ambiant. Même les formes les plus simples ne sont plus respectées. Ce refus officiel du pluralisme et de l?action politique indépendante est désormais consacré. La situation sécuritaire ne peut plus justifier ce statu quo. Ministre d?Etat, payé à ne rien faire au sein du gouvernement, Bouguerra Soltani dit qu?il va démissionner. Est-il libre de le faire ? Non. Le système en place interdit même au ministre de partir. Reste l?alliance présidentielle, qui regroupe le MSP, le FLN et le RND. Personne, dans la classe politique ou ailleurs, n?a pensé à lui demander des comptes. A commencer par Abdelaziz Bouteflika lui-même. Il est curieux que le président de la République n?a jamais réuni ni s?est adressé à cette alliance qui, pourtant, parle en son nom, ou du moins défend son programme. La présence de cette Alliance n?a finalement rien changé au vécu difficile des Algériens d?en bas...


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