La politique du gagne-petit

En visite de travail et d'inspection de son secteur dans la wilaya de Annaba, le ministre des Travaux publics et des Transports, M. Abdelghani Zaalane, s'est longuement attardé à étudier les perspectives de développement de la filière transport qui lui a été présentée.Il a pu, ainsi, apprécier les impacts des différents projets appelés à être matérialisés non seulement au plan local, mais aussi au plan régional. C'est que tels que conçus, les projets en question portent sur les extensions de différents ports indispensables pour l'élevage de la daurade et du loup de mer. A l'image de ceux étalés sur 20 ha et implantés sur le territoire de la commune de Chétaïbi (Annaba), ils sont composés de 10 cages flottantes ainsi que des catamarans, des embarcations, un système de balisage, des filets de pêche et autres équipements spécifiques à ce genre d'activité. C'est que l'apport de la pêche à l'économie locale et nationale, n'est pas négligeable. Pourtant, si l'on se réfère à la lenteur des travaux et de la longue période mise pour la réalisation de ces installations d'élevage, ce secteur d'activité semble ne pas préoccuper les décideurs.
La pêche est essentiellement pratiquée sur le littoral sous une forme artisanale au bord des rives de la Méditerranée. Toujours à l'étape artisanale, la pêche peine à prendre ses marques. Avec leurs moyens rudimentaires, les pêcheurs font parfois quelques incursions au large. De retour de la mer, ils accostent et écoulent les poissons au port de pêche de la ?Grenouillère?. Situé à l'intérieur du Port autonome d'Annaba, cette infrastructure abrite plus d'une centaine de barques appartenant à des pêcheurs de Annaba et de la région. Contrairement aux autres, celui de Annaba fait dans le gagne-petit. Il présente un visage hideux sur toute la ligne. Les activités tournent au ralenti dans ce port.
Cette situation a fait l'objet de nombreuses remarques du ministre des Transports et des Travaux publics. Il a exprimé son souci de voir les travaux de cette infrastructure socioéconomique relancés pour lui permettre de répondre à sa vocation de développement des activités spécifiques à un port de pêche. Dans ses propos, le ministre insistait sur la nécessité de relancer le secteur de la pêche quelque peu ralenti par la saturation ou la vétusté et l'impraticabilité de ceux existants. Aussi l'extension du port de pêche de Annaba et de Chétaïbi, cela permettra aux pêcheurs de disposer de plusieurs quais dont un spécialement consacré aux embarcations de pêche et aux entrepôts frigorifiques.
Il faut dire qu'avec le renforcement de la sécurité intérieur, le port de pêche de Annaba a pour vocation de se positionner en facteur de développement et un des portes flambeaux de l'économie bleue de l'Algérie. Ce dont ont pris acte les pêcheurs de la wilaya qui se sont engagés à porter une attention particulière à l'économie bleue pour stimuler sa croissance. Ils ont parallèlement estimé que les investissements engagés dans l'extension des ports de pêche devraient booster de nombreux secteurs de l'économie nationale. Selon des économistes interrogés, la pêche locale couvre 40% des besoins nationaux contribuant à 4% au PIB et à 1,3% au PIB du pays. Près de 100.000 personnes sont impliquées dans le secteur halieutique. Ces mêmes personnes font vivre au moins 200.000 personnes a-t-on précisé.
En tout état de cause, pour l'heure, on en est toujours à l'extension de ce port de Chétaïbi qui ne veut pas voir le jour malgré les efforts financiers consentis par le Trésor public. Plusieurs mois après le lancement des travaux, on en est toujours aux promesses du maître de l'ouvrage qui semble se jouer des bonnes dispositions du maître de l'?uvre. Ce dernier semble se satisfaire de ce qui semble être du gagne-petit. Sans plus. En attendant, le poisson continue sa ?nage? vers les autres pays et évite de se faire prendre dans les filets des pêcheurs algériens. Nos tentatives d'en savoir plus auprès de la direction locale de la Pêche ont été vouées à l'échec avec toujours cette même réponse au téléphone «correspondant absent».