Au-delà de toutes les lectures que l'on puisse faire, l'Algérie a connu un tournant majeur, vendredi, dans ce qu'on pourrait appeler l'expression du droit à la manifestation, un droit remis en cause on ne sait plus combien de fois, avec une violence souvent inouïe, particulièrement dans la capitale.Quarante et une interpellations pour troubles à l'ordre public, actes de vandalisme, dégradation de biens, violence et voie de fait. Voilà en tout et pour tout l'étendue du bilan des manifestations de vendredi dernier, rendu public par la Direction de la Sûreté nationale quelques heures après les marches pacifiques ayant été organisées à travers plus d'une trentaine de wilayas. Un nombre d'interpellations finalement qui ne sort pas de la normale et surtout qui résonne comme une réponse on ne peut plus cinglante à ces alarmistes ? qu'on peut comprendre ? qui ne pouvaient s'empêcher d'émettre la hantise d'un face-à-face entre manifestants et policiers qui fatalement aboutirait à l'irréparable. En fait, en dehors des interrogations sur l'auteur ou les auteurs de l'appel à manifester vendredi, l'attitude qu'allaient adopter les services de sécurité constituait une des grandes inconnues émises avant que ne se tiennent ces manifestations.
Ceci est plus singulièrement le cas pour la capitale Alger où, il est vrai, tous ceux qui s'y sont aventurés depuis près de deux décennies dans des manifestations ont en eu pour leur frais, la police ne distinguant ni le médecin, ni l'enseignant, ni quiconque parmi toutes les corporations qui ont tenté vainement de se faire entendre dans les rues de la capitale pour finalement faire connaissance à leur corps défendant avec le concept de «la gestion démocratique des foules» qui a donné lieu à tant et tant de mémorables bastonnades dont ne s'en est pas sortie grandie la police.
L'interdit a été ainsi levé par des milliers de manifestants comme Alger n'en a pas vus depuis qu'il a été instauré, il y a près de 18 ans, après la marche sur la capitale initiée par les Arouch de Kabylie lors des tragiques événements du Printemps noir.
Bien sûr que partout où les marches populaires et pacifiques ont eu lieu, les policiers étaient là, dans certaines régions du pays, ils ont été d'une «docilité» qui ne colle pas à leur réputation, dans d'autres contrées également, ils étaient d'une discrétion quasi incroyable, des comportements qui tranchent intégralement avec leur habituelle attitude en temps aussi tendu qu'une manifestation populaire, qui plus est, non agréée. Mais il faut tout de même souligner le comportement remarquable des manifestants, dont certains, comme dans la capitale, se sont même astreints à un nettoyage en règle de ruelles après la fin de la manifestation.
Ceci sans parler de la scrupuleuse attention dont ils ont fait preuve quant à l'infiltration d'éventuels casseurs et autres intrus.
Les manifestants de vendredi ont, tout compte fait, réhabilité une partie du droit à la citoyenneté et enfin, diraient-ils, les éléments de la Sûreté nationale ont agi comme une police républicaine qui, selon les correspondants de presse de partout à travers le pays, n'a eu à faire usage de gaz lacrymogènes que dans la capitale, lorsque les manifestants s'étaient mis dans l'idée de se diriger vers la présidence de la République. Sinon, c'était un vendredi à marquer d'une pierre blanche sur ce plan, aussi. Reste à savoir maintenant si cette attitude des services de sécurité n'est que momentanée ou bien?.
Azedine Maktour
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Posté Le : 24/02/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Maktour
Source : www.lesoirdalgerie.com