Algérie

La police de la pensée


Siné, le dessinateur, est donc anti-sémite. La police de lapensée qui sévit en France en a décidé ainsi. A mort donc Maurice Siné: il doit être banni de l'espace médiatique. Le patronde Charlie Hebdo, Philippe Val, celui-là même qui se pique de défendre les «démocrates » algériens contre les intégristes, celui qui défend la liberté dela presse contre la prétention des musulmans à l'empêcher d'insulter leurprophète, l'a immédiatement licencié.

En France, oser parler de « lobby sioniste » déclencheautomatiquement l'accusation majeure d'antisémitisme. Dans le meilleur des cas,on vous reprocherait un penchant à l'exagération, voire aux théories du complot.Dans le cas de Siné, il a suffi qu'un potentat duNouvel Observateur, Claude Askolovitch, pour ne pasle nommer, décrète qu'il est coupable d'antisémitisme pour que la sentence demise à mort tombe. Siné a pourfendu de manière outrancière les musulmans, cela n'a guère suscité le moindreémoi. Mais dans le cas d'espèce, le dessinateur a franchi la « ligne rouge »fixée par une camarilla de propagandistes de la cause sioniste qui impose cequ'il est bon de penser et ce qui est interdit, en se moquant gentiment de laconversion au judaïsme du fils du président français pour convoler avec unehéritière de Darty. Gageons que si le fils de Sarkozy avait voulu épouser lafille d'un émir musulman, le dessinateur l'aurait moqué de la même manière. Mais,ce qui est valable pour l'un ne l'est pas pour l'autre.

On peut déverser des torrents d'âneries et de méchancetéssur les musulmans - et Charlie Hebdo s'en est fait une spécialité -, celarelèvera de l'exercice de la liberté d'expression reconnue par les lois. Maiscette liberté sacrée s'arrête quand il s'agit d'évoquer le judaïsme ou Israël. L'accusationcapitale d'antisémitisme est si facilement brandie qu'il devient quasimentdangereux en France de fréquenter ces thèmes. Même des intellectuels décédés, commePierre Bourdieu, ont été accusés, post-mortem, d'être des antisémites. Celatend au délire. Une sorte de terrorisme intellectuel s'est installé pour sommertout le monde de s'aligner. Il est interdit de critiquer Israël, mais l'injureet l'outrage sont vivement encouragés en ce qui concerne les Palestiniens etles Arabes.

La règle est donc la suivante: la diffamation de l'Islam etdes musulmans au nom de la liberté de pensée est licite, mais cela ne peuts'appliquer pour les juifs et le judaïsme. La ligne d'attaque est qu'il fauttout faire pour assimiler antisionisme à antisémitisme. Dans le cas d'espèce, onest face à un journal supposé satirique qui s'est donné comme vocation devilipender l'Islam et les musulmans. C'est le terrain privilégié de la libertéd'expression débridée. Mais apparemment, le vieux Sinéa oublié qu'il existe chez les commissaires politiques de la pensée un tabouintouchable.

Tous ceux qui ont suivi l'épisode des caricatures duProphète sont désormais édifiés: le sacré existe dans la France laïque et il mène aubûcher ceux qui l'enfreignent. Siné, qui a dénoncéles tortures en Algérie durant la guerre de libération, avait rassemblé sesdessins dans un album intitulé « Le déshonneur est sauf». Il l'est assurément !

Aux dernières nouvelles, Reporters sans Frontières, quiavait défendu Charlie Hebdo contre les musulmans, n'a encore rien dit sur cegrotesque épisode de la liberté d'expression en démocratie avancée. L'organisationqui pourfend les atteintes à la liberté d'expression à Cuba ou en Chine estapparemment trop éloignée du siège social de Charlie Hebdo.


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