Algérie

La police au diapason des manifestants



Entre autres faits majeurs qui ont marqué jusque-là les manifestations anti-5e mandat, particulièrement durant les trois vendredis historiques qui viennent de se succéder, il en est un qui saute aux yeux des manifestants eux-mêmes et des observateurs nationaux et même de l'étranger : la manière avec laquelle la police appréhende les mouvements de foules, pourtant de proportions qui laissent sans voix.Est-il donc bel et bien fini le temps du «rentre dedans», la méthode forte qui a longtemps collé à la réputation de la police jusqu'à il y a à peine quelque temps ' Il est à croire que l'usage de la matraque et de l'attirail dont usait, et souvent abusait, la police n'a plus cours.
Du moins jusqu'à une certaine limite, ou pour reprendre une expression très prisée ces derniers temps, une certaine «ligne rouge» comme par exemple l'interdiction formelle de franchir les limites des accès menant vers la présidence de la République, là où les éléments de la Sûreté nationale ont usé des grenades de gaz lacrymogènes lors des manifestations des trois derniers vendredis à Alger.
Présents en force et disséminés de façon ostentatoire en certains endroits, les policiers en appel pour sécuriser les manifestations plus populaires qu'elles ne l'ont jamais été ont reflété l'image, comme le disait un homme politique français, d'une «police professionnelle» tant elle a réussi la gageure de reléguer au rang des souvenirs, même très récents, les abus et le peu d'intelligence qu'elle étalait et qui, finalement, faisaient qu'elle n'avait pas bonne presse chez le petit peuple.
Comme ce fut le cas lors de la première protesta, le 22 février dernier, manifestants et observateurs, notamment étrangers, avaient les yeux fixés sur les policiers et surtout leur comportement pour, ensuite, découvrir des images impensables, des images qui se renouvelaient à chaque manifestation en fait ; de belles séquences de fraternisation entre policiers et manifestants. Ils ne sont pas dus au fait du hasard, ces tableaux tout à fait inédits chez nous.
Le comportement des manifestants y est pour beaucoup, c'est une certitude, mais il faut dire également que c'est le produit d'une nouvelle approche mise en ?uvre dans ce corps si particulier des services de sécurité. Depuis un certain temps, il n'est plus policier qui veut.
En plus des cadres formés «à la maison», les diplômés des universités et des grandes écoles du pays ont, ainsi, fait une incursion remarquable au sein de la Sûreté nationale pour, désormais, constituer un encadrement d'une qualité qui faisait défaut alors que le monde et les Algériens avec lui évoluaient.
Il faut croire, désormais, que chez la police algérienne on ne gère plus la foule en la matraquant aveuglément, même si des zélés existent encore, pour ensuite susciter l'effet tout à fait inverse ; attiser les colères et ouvrir la voie aux dérapages comme cela s'est souvent produit.
Des manifestations et leur gestion par la police qui participent aussi à rehausser l'image du pays et puis, il faut l'espérer, permettent de mettre sur le compte de la panoplie des bourdes «officielles» qui assimilent l'Algérie par exemple à d'autres pays, la Syrie pour ne pas la nommer.
M. Azedine


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