Algérie

La polémique Aller en Tunisie avec sa carte d'identité



La polémique                                    Aller en Tunisie avec sa carte d'identité
Les autorités algériennes affirment ne pas être concernées par cette mesure unilatérale en raison notamment de la situation sécuritaire.
Lorsqu'au mois de janvier passé le président tunisien, Moncef Marzouki, avait fait part de sa volonté d'octroyer aux ressortissants des pays de l'Union du Maghreb arabe (UMA) ce qu'il est convenu d'appeler les 'cinq libertés", l'annonce était passée inaperçue tant les Tunisiens étaient accaparés par des préoccupations immédiates. Ni les médias ni l'opinion publique ne se sont saisis du sujet, alors qu'il s'agissait, tout de même, d'accorder unilatéralement aux Maghrébins le droit à l'emploi, la circulation, l'investissement, l'acquisition de biens immobiliers et le vote aux élections municipales. Lorsqu'il y a quelques jours, les Tunisiens ont appris que cette disposition devait entrer en vigueur le 1er juillet, ils ont été surpris et parfois même choqués. Deux choses motivent le rejet de cette décision par de
nombreux Tunisiens : l'absence de réciprocité et la manière confuse dont l'information a été communiquée.
Des conventions d'établissement avaient été signées avec le Maroc et l'Algérie respectivement en 1963 et 1964. Sous réserve de réciprocité, les ressortissants des pays signataires ouvraient droit au travail, à la résidence, à l'acquisition de terrains non agricoles et à l'exercice de fonctions libérales. Mais entre l'Algérie et la Tunisie, par exemple, la tergiversation a été la règle. Aussi bien sous le régime de Bourguiba que sous celui de Ben Ali, les Algériens désireux de s'établir en Tunisie se voyaient délivrer des récépissés indéfiniment renouvelés et jamais de carte de résidence, sauf dans des cas exceptionnels.
La décision a été prise sous l'impulsion directe du président Marzouki. En réalité, à peu de choses près, il n'a fait que réactiver des accords existants mais jamais respectés. Il subsiste néanmoins des interrogations.
La première concerne l'accès au territoire tunisien sans passeport et sur simple présentation d'une carte d'identité. Les Tunisiens se demandent si cette disposition est limitée dans le temps ou non, et si elle concerne uniquement les ressortissants algériens ou inclut ceux des trois autres pays de l'UMA. Quant au droit de vote aux élections municipales, l'aval de l'Assemblée nationale constituante s'imposerait comme une évidence selon le droit.
Le débat est lancé dans le grand public, largement relayé par les réseaux sociaux et un rassemblement de protestation se tiendra le 8 juillet devant le siège de l'Assemblée nationale constituante. Devant l'accusation d'avoir
pris la décision en catimini, le gouvernement s'en défend par la voix du secrétaire d'Etat aux Affaires maghrébines, arabes et africaines,
Abdallah Triki. 'Avons-nous besoin de consulter le peuple en vue de l'application des conventions signées par les gouvernements précédents '", s'est-il interrogé sur les colonnes de La Presse dans son édition du 28 juin. Des hommes politiques jouissant d'un grand respect en Tunisie, à l'instar de Mustapha Filali, ne partagent pas l'enthousiasme de l'Exécutif. Selon lui, la décision est prématurée et n'a de valeur que dans la réciprocité. Sans compter, pense-t-il, que la Tunisie traverse une période d'instabilité et que des personnes indésirables peuvent ainsi s'introduire et mettre en danger la sécurité intérieure du pays.
M. A. B


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