Algérie

La poésie orale et l’importance de sa compilation.



Un chercheur en poésie a interrogé une femme illettrée qui pratiquait le chant populaire, dont les chansons et les poèmes ne sont appris que d’elle, si elle comptait faire un recueil de ses productions, elle a répondu par une négation arguant qu’elle n’avait confiance en personne pour lui confier le contenu de son mémoire qu’est un héritage familial. Il lui a fait remarquer que dans ce cas-là, ses chansons pourraient mourir avec elle, elle a répliqué : « C’est mieux que des étrangers viennent les déformer ou les commercialiser ! ».

15Résumés des communications

On peut remarquer à quel point la relation est délicate entre l’intellectuel officiel, moderne qui maitrise les outils d’enregistrement, de documentation et de publication et

ces femmes qui détiennent leurs trésors dans leurs coeurs et les consomment comme elles sont consommées par le temps.

De là, notre choix du patrimoine oral découle d’une nécessité civilisatrice insistante ; surtout que des chercheurs étrangers se sont intéressés aux récits oraux maghrébins, à la littérature et la poésie populaire maghrébine, afin de comprendre la mentalité profonde de l’homme maghrébin. En revanche, le chercheur maghrébin n’a pas su valoriser ce genre créé par nos ancêtres. Il se pourrait que cette dévalorisation provienne de l’idée que tout genre populaire est perçu comme un objet non académique, souffrant de l’absence d’une définition précise et d’une véritable approche critique ; nous, en tous les cas, ne le pensons pas.

Par conséquent, nous pouvons aller jusqu’à dire que les pédagogues, les historiens, et les sociologues feraient un bon usage de la poésie populaire, pour en faire des leçons,

des supports et des événements historiques témoignant d’un vécu et d’un passé de tout un peuple. Nous considérons que le patrimoine oral populaire, est la vraie mémoire des

peuples, reflétant leur spontanéité quotidienne et leur originalité, un patrimoine brut et pur sans contraintes imposées par les lumières et les censures culturelles officielles.

Ces productions orales populaires, transmises de père en fils, n’aspirent pas seulement, à une présence timide aux côtés des cultures officielles, mais à leur concurrencer une légitimité historique, sociale et civilisatrice, parce qu’elles sont plus proches de l’âme des gens et plus intimement liées à leur réalité, à leur vécu et à leur histoire. Nous sentons, ainsi, l’importance de documents portant sur cet héritage populaire, partie non

négligeable du legs culturel.


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