La poésie de Lounis Aït Menguellet est «la plus étudiée» par les chercheurs et les universitaires dans le champ littéraire kabyle, a indiqué mardi une enseignante universitaire lors du colloque international organisé à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou à l'occasion des 50 années de carrière du chanteur.Dans sa communication intitulée «L'analyse de l'£uvre d'Aït Menguellet: état des lieux», Kahina Flici a expliqué que la production poétique d'Aït Menguellet, depuis ses débuts en 1967, «ne cesse de susciter des lectures et des interprétations». Selon cette enseignante à l'université Mouloud Mammmeri, 25 études ont été réalisées sur les différentes facettes de l'£uvre du chanteur connu pour l'intérêt qu'il accorde au verbe et à la parole par rapport à la musique. «Cet artiste, qui constitue le témoin de sa culture, a commencé à soulever des interrogations chez les chercheurs tant universitaires qu'autodidactes depuis une trentaine d'années», a-t-elle affirmé. La première étude scientifique, a-t-elle ajouté, a été réalisée en 1989 par Tassadit Yacine dans son livre «Aït Menguellet chante» qui, en plus des réflexions exprimées sur les chansons politique et sentimentale qu'il a interprétées, elle a traduit 104 chansons produites entre 1967 et 1989. Depuis, plusieurs recherches et thèses qui ont accordé de l'importance à la thématique ont été réalisées. Les textes d'Aït Menguellet ont été répartis en cinq thèmes, à savoir poésies sentimentale, politique, identitaire, philosophique et sociale, a-t-elle précisé. Durant les années 2000, des littéraires se sont étalés sur les nouveautés qu'Aït Menguellet a apporté à la chanson kabyle au moment où d'autres, comme Youcef Nacib, ont effectué des comparaisons sur le langage poétique de cet artiste avec d'autres chanteurs connus en Kabylie comme Slimane Azem, a-t-elle souligné. L'intertextualité pour laquelle est connu ce géant de la chanson algérienne a également été abordée, en plus de traductions faites vers l'arabe et le français, a soutenu Kahina Flici, citant, à ce propos, le travail de Mohand Arezki Ferrad qui a traduit 10 textes en 1996, de Ahmed Djellaoui et de Belkacem Saâdouni vers la langue arabe. Malgré l'importance avérée accordée à l'oeuvre de ce grand penseur de talent qui a su décortiquer son milieu social tout en proposant des réflexions sur différentes thématiques, Kahina Flici a recommandé l'intégration des textes d'Aït Menguellet dans les manuels scolaires, mais aussi au niveau de l'enseignement supérieur. Une poésie difficilement traduisible Les intervenants lors de cette rencontre, parmi lesquels Thiziri Bachir de l'université d'Alger 1 et Kaci Saadi de l'UMMTO, ont abordé la question de «traduisibilité» et d'«intraduisibilité» de la poésie de Lounis Aït Menguellet. La première intervenante, qui a travaillé sur des traductions vers le français de Tarik Aït Menguellet, fils du chanteur, et d'autres en arabe de Ahmed Djellaoui a conclu que Lounis Aït Menguellet «est d'une dimension poétique intraduisible, vu la complexité de ses textes et le profondeur des réflexions soulevées». Kaci Sadi a soutenu, pour sa part, que «de grandes erreurs sont commises dans la traduction des textes de ce grand artiste qui détient son propre langage et style poétique intraduisible dans la plupart des cas». Selon lui, «la poésie chantée par Lounis perd de sa profondeur et de sa force, une fois traduite vers une autre langue. Elle doit donc être écoutée, appréciée et comprise dans sa langue d'origine», a-t-il estimé, soulignant que les traductions doivent se référer au texte dans sa globalité tout en privilégiant le fond sur la forme.
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Posté Le : 09/03/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R C
Source : www.lnr-dz.com