Algérie

La plongée vers l'abîme



Attaques qui se multiplient, prises d'otages fréquentes, zones d'insécurité qui grandissent... Les groupes terroristes sont omniprésents au Sahel où leur stratégie porte ses fruits malgré l'action des forces militaires africaines et occidentales.»La situation en matière de sécurité dans le Sahel a continué de se détériorer, avec des retombées sur les pays voisins non membres du G5, notamment le Bénin, la Côte d'Ivoire et le Togo», reconnaît le Conseil de sécurité des Nations unies dans un rapport de mai. Au Mali, «les attaques contre les forces maliennes et les forces internationales se poursuivent sans relâche (...) Au Burkina Faso, les violences intercommunautaires et la présence de groupes terroristes, de milices et de bandes criminelles ne cessent d'augmenter (...) En Mauritanie, au cours des dernières semaines, la présence de groupes terroristes armés a été signalée à la frontière malienne», poursuit le rapport. Au Niger, les terroristes ont perpétré le 14 mai une attaque qui a coûté la vie à 28 soldats, au lendemain d'une tentative ratée de prendre la prison Koutoukalé (60 km de la capitale), l'établissement pénitentiaire le mieux gardé du pays. Dans le sud-est, les islamistes de Boko Haram sont à nouveau très actifs(88 civils tués rien qu'au mois de mars) après une année 2018 relativement calme.
De source militaire française, les «groupes armés terroristes» comprendraient 1.000 à 1.400 hommes au Mali. Ils seraient plusieurs centaines au Burkina, pour un total d'environ 2.000 sur tout le Sahel. «Il n'y a pas forcément plus d'attaques mais les attaques sont plus violentes.Les chercheurs pointent la faiblesse des armées, particulièrement celle du Burkina.
Les pays sahéliens sont pauvres et ont du mal à trouver des ressources pour la sécurité, ou le font aux dépens d'autres secteurs. La chancelière allemande Angela Merkel l'avait d'ailleurs fait remarquer lors de son passage au Sahel début mai: «La situation sécuritaire est difficile. 15% du budget est affecté aux questions sécuritaires. Vu qu'on doit augmenter la part de budget allouée à la sécurité, ces fonds manquent autre part». La plupart des pays non touchés par le terrorisme consacrent moins de 10% de leur budget à l'armée. Autre problème, le manque de coordination entre les pays dans les zones frontalières. «Les groupes armés jouent avec ces frontières», explique M. Sawadogo. «Il y a sans doute l'arrivée de combattants aguerris en provenance de la Syrie» après la chute de l'organisation de l'Etat islamique, explique Lassina Diarra. «On note en tout cas des changements de mode opératoire avec l'utilisation d'explosifs, de mines, de voitures piégées» ainsi que des embuscades plus ambitieuses.
Même si les jihadistes ne sont pas «présents en permanence», ces attaques font que les zones d'influence sont de plus en plus grandes. «Ils n'ont pas besoin d'être là tout le temps, d'occuper le terrain. Ils créent le sentiment d'insécurité avec des attaques sporadiques», ajoute -t-il. Il y a désormais un couloir» qui va du sud-est du Burkina au Mali avec aussi à l'ouest du Niger, souligne-t-il. En visant des cibles religieuses ou ethniques, les groupes armés ont adopté une stratégie visant à favoriser les affrontements intercommunautaires, source d'instabilité qui les favorise.


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