La planche à billets à la rescousse

L'annonce de l'augmentation des salaires et de l'indemnité de panier au profit des 5.000 travailleurs tous grades confondus du complexe sidérurgique El Hadjar, a été bien reçue. Elle intervient à quelques semaines de la remise en production de l'ensemble des installations et à quelques jours des élections d'un nouveau collège syndical programmées pour le 28 avril prochain.Tout concorde à dire que cette revalorisation des salaires, la même pour tous, est le fait de la planche à billets que d'un rapport production/commercialisation de l'entreprise. Cela s'est passé en cette dernière fin de semaine après une série de réunions engagées avec le partenaire social déjà bien mal en point car pointé du doigt par «ceux qui veulent déstabiliser » la gestion de l'entreprise par tous les moyens. C'est ce qu'ont laissé apparaître les déclarations des syndicalistes et autres membres du Comité de participation de Sider. Avec ses 5.000 travailleurs, ils ont été appelés à une Assemblée générale ce dernier mercredi devant le siège de leur syndicat pour renouveler leur confiance aux membres de leur syndicat. Telle était en tout cas la finalité matériellement démontré sur le terrain. Le discours du SG remplissait d'aise les uns et les autres des travailleurs. Ils étaient loin de se douter que les deux augmentations dont seuls les décideurs ont le secret, sont le fait de la planche à billets mise en route depuis le début de l'année 2018 par l'Etat. Tout avait été préalablement préparé pour faire passer le message. A l'ombre des banderoles et autres fanions vantant la gloire des dirigeants au plus haut sommet de l'Etat, les 5.000 travailleurs savaient à quoi s'en tenir au moment où ils avaient été appelés à se regrouper pour écouter parler leur secrétaire général. A voir le fort renfort des combinaisons grises présents sur la place durant toute la matinée d'hier mercredi, on pouvait conclure que la production du fer et de l'acier a été au niveau le plus bas. Dans sa déclaration, le SG du syndicat Amouri Noureddine était on ne peut plus claire. «Cela fait des mois que nous sommes entrés dans le positif. Nous avons même dépassé le taux de 100% qui nous était assigné. Notre entreprise a, aujourd'hui, repris les exportations à destination de la Tunisie, du Maroc et de l'Italie. Nous envisageons conquérir de nombreux autres marchés.» Faite en pleine AG sous les applaudissements de plus de 5.000 travailleurs, cette annonce avait de quoi raviver des questionnements sur les situations antérieures. Celles qui, durant des mois, avaient entraîné la mise à zéro de la production, imposer un investissement de 900 millions de dollars pour la réfection des installations de production et la mise à la retraite de nombreux travailleurs expérimentés dans un domaine ou un autre de la sidérurgie. Tout semble avoir été préparé pour maintenir en poste l'actuel équipe de syndicalistes. Lors de l'AG de ce mercredi, si Amouri et consorts paraissaient prêts à assurer leur propre relève, il n'en était pas de même du côté de leurs opposants. Amouri les a cités sous une forme anonyme en réponse à un journaliste. «Nous savons que nous dérangeons trop d'intérêts. Il ne s'agit pas de bibelots, mais de la grosse marchandise», dira-t-il tout en se refusant de citer un quelconque nom, il ne manquera pas de faire des allusions à ces deux prédécesseurs. Ce qui n'a pas fait oublier au même syndicaliste la série des autres acquisitions que la direction générale envisage acquérir prochainement pour améliorer son taux de production. Le troisième niveau de traitement aura pour finalité la mise en place des conditions de concrétisation de nombreux autres projets. Plusieurs milliards de DA sont consentis par un crédit à moyen terme pour couvrir l'approvisionnement des intrants locaux et ceux à l'import. «Nous avons pris la décision de réclamer les droits des travailleurs en appliquant une approche ne portant pas atteinte à la production. Comme vous l'avez certainement relevé, c'est ce que nous avons mis en application. Nous avons atteint nos objectifs. Les travailleurs sont satisfaits tout autant que l'employeur. Il s'agit d'élaborer un pacte de stabilité à négocier et à accélérer la mise en ?uvre du plan de développement de l'entreprise. Beaucoup d'autres projets liés au développement de la production et de la commercialisation sidérurgique ont été planifiés. De 1,1 million de tonnes après la longue hibernation, la production devrait atteindre les 2,2 Mt. D'autres nouvelles unités dont l'aciérie électrique, le laminoir et l'unité agglomérée sont concernées par une grande opération de rénovation et automatisation. Ce qui permettra d'atteindre une production de 1,8 Mt agglo et 0.3 Mt en produits calibrés.