Algérie

LA PISTE FORT FLATTERS / IN AMENAS /POLIGNAC



Pour accéder à Fort Polignac ,dans le massif du Tassili N'Ajjer, il nous fallait passer, en sortant de Flatters, par ce que nous appelions " la vallée de la mort " Cette piste était un entrelacement de coudes à la base du plateau de Tinrhert, un couloir de plusieurs dizaines de kms, où le vent de sable s'engouffrait régulièrement. Avec la chaleur étouffante, les parties sablonneuses, une vue permanente rapprochée de falaises avec leurs virages, valait bien le nom qu'on lui avait attribué. De plus, avec les Berliet GLR (direction non assistée) il fallait faire très attention aux parties sablonneuses car, pour éviter un ensablement, donc, travail de la pelle et des plaques à sable (plutôt fastidieux et épuisant) nous étions obligé de passer les vitesses sans débrayer, d'où une conduite à l'oreille, afin d'écouter le régime du moteur. Un autre moyen de se sortir du sable était de dégonfler les pneus pour offrir au sable une surface plus large (comme les pieds de dromadaires), par contre il était impératif de bien les regonfler par nos réservoirs d'air compressé du camion, une fois sorti de ce piège. Comme cela ne suffisait pas, dans les difficultés, nous devions faire très attention à ces endroits de sable accumulé, car nous avions le risque que les roues avant, en rentrant dans le sable, se mettent d'un coup en perpendiculaire, par rapport à la piste ,et le volant tournait bien évidemment à toute vitesse, d'où un sérieux problème aux doigts,si nous n'y faisions pas attention.


Nous remontions par un petit Akba sur le plateau pour rejoindre la piste allant de Hassi bel Guebbour à OHANET puis à un carrefour de pistes, nous laissions la piste pour Fort Thiriet à gauche et peu après, étions devant une descente vertigineuse appelée " Saut du mouflon ". Le pourcentage de pente était impressionnant. Un souvenir : la 1ère fois que je suis passé par cet endroit, le levier de vitesse, au beau milieu de la pente, a sauté , et impossible de remettre une vitesse, le camion avec son chargement, descendant de plus en plus vite. Le problème dans ces cas là sont les freins, puisque fonctionnant avec les réservoirs d'air compressé par le moteur, je ne pouvais pas, en appuyant trop sur les freins, vider mes bouteilles, alors j'y suis allé par à-coups, pour ralentir un peu, et en accélérant le moteur pour regonfler celles ci, je puis dire que la descente m'a parue interminable et pourtant cela allait terriblement vite. Heureusement que cette descente se terminait par une ligne droite, ce qui m'a permis de finir sur ma lancée, et d'éponger ma sueur froide (même très froide, je puis le garantir).
Je ne sais pourquoi, mais dans les Akba, après, j'ai toujours tenu mes vitesses avec la main.


En arrivant dans les contreforts du Tassili, alors nous rentrions dans des paysages totalement différents, avec des plateaux rocailleux, des vallons étroits, traversions des oueds de montagne, grimpions sur la piste construite et arrangée par le génie, au milieu de rochers, d'un paysage irréel. nous rejoignions la piste Ohanet/Polignac, qu'empruntait souvent Jean CAUZ en 61, étant plus direct mais plus scabreuse au niveau du fech-fech, pour finir devant le fort gardé par les touaregs Kel Ajjer à la silhouette imposante dans leur gandoura, et chèche bleu.
Pour nous, soi disant civilisé, il était impressionnant de les voir se promener en se tenant la main par le petit doigt, signe pour eux d'une amitié très forte. Ils étaient d'une grande rigueur militaire, le commandant du poste de Polignac me racontait lors de nos soirées " digestives "que lui-même s'il n'avait pas le mot de passe du jour, il ne pouvait rentrer au fort. j'ai pu en faire l'expérience, mais concernant le commandant, je reste toujours persuadé qu'ils en faisaient un jeu.
Pour nous remémorer un souvenir de ce Tassili, je me souviens d'une discussion avec des chauffeurs que nous avions " prêté " à une expédition d'Henri LHOTE, il avait alors près de 60 ans. Pour nos chauffeurs, l'intérêt principal était, avec les paysages, la nourriture de grande qualité (moules en boites, eau en boite etc..) ce qui les changeait de notre nourriture de base, plus " saharienne ". (Marcel Feuillois)


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