Algérie

La piraterie en Somalie est le symptôme d'un Etat défaillant (BM)



La lutte internationale contre la piraterie en Somalie a essentiellement consisté à poursuivre les auteurs de ces actes criminels alors que la communauté internationale "doit en priorité aider ce pays à se doter d'un système politique qui fonctionne normalement", a affirmé jeudi la Banque mondiale.
"La piraterie en Somalie est le symptôme d'un Etat défaillant", selon M. Quy-Toan Do, principal économiste à cette institution financière internationale et auteur principal d'une étude sur ce fléau qui sévit dans ce pays africain.
Relevant que dans certaines régions en Somalie, le gouvernement n'exerce pas un contrôle suffisant pour empêcher la piraterie, ce responsable à la BM note que les pirates ont alors recours à des pots-de-vin et aux menaces physiques pour faire pencher l'équilibre des forces entre les responsables politiques et obtenir un accès durable aux côtes.
Selon son étude, le coût de ces opérations politiques représente jusqu'à 86% du produit de la piraterie dont une part importante du butin, parfois 300.000 dollars par bateau, est ainsi redistribuée aux fonctionnaires, hommes d'affaires, clans, milices et chefs religieux sous la forme de pots-de-vin, "dans le but de s'assurer que les responsables politiques n'interfèrent pas dans les activités de piraterie".
Par ailleurs, il observe que le succès de la piraterie au large de la Somalie a des répercussions mondiales : Entre 2005 et 2012, plus de 3.740 membres d'équipage issus de 125 pays sont tombés entre les mains des pirates somaliens et 97 en sont morts.
Le total des rançons extorquées au cours de cette période s'élève à plus de 385 millions de dollars, alors que les navires de commerce sont contraints de modifier leur route pour éviter d'éventuelles attaques, alourdissant leurs dépenses de carburant, et les oblige à payer des primes d'assurance plus élevées.
L'étude souligne aussi l'impact négatif de la piraterie sur les échanges, et chiffre son coût pour l'économie mondiale à 18 milliards de dollars par an.
Dans les pays d'Afrique de l'Est voisins de la Somalie, "on assiste depuis 2006 à une baisse du tourisme et de la pêche, ainsi que d'autres revenus provenant du commerce côtier", note-t-il.
Compte tenu de l'ensemble de ces enjeux, l'étude de la BM préconise un changement de méthode dans la lutte contre la piraterie au large de la Corne de l'Afrique.
Il ne s'agit plus de tout axer sur les auteurs de ces crimes mais de s'attaquer aux "facilitateurs" : Si la Somalie supprimait l'accès aux points d'ancrage privilégiés par les pirates ou augmentait sensiblement les droits d'accès aux côtes, le nombre de zones côtières disponibles pour ancrer les navires détournés serait réduit et la piraterie serait donc moins rentable, préconise cet expert.
En outre, poursuit-il, le gouvernement central pourrait mettre en place des mesures incitatives, en plus des mécanismes de surveillance, pour encourager la population à mettre un terme aux activités de piraterie, en s'inspirant, par exemple, des expériences de l'Afghanistan et de la Colombie pour lutter contre la production de pavot à opium et de cocaïne.


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