Algérie

La pièce théâtrale "Dialogue" adaptée de l uvre de Germaine Tillon, en représentation à Paris Culture



La pièce théâtrale "Dialogue" inspirée de l uvre de l'ethnologue française, Germaine Tillon, "Les ennemis complémentaires" qui a pour trame la guerre d'Algérie, a été présentée mercredi soir, dans la capitale française par la compagnie Théâtre Averse dirigée par le metteur en scène Jean Quercy.
Cette pièce revient sur un épisode méconnu de la guerre de libération nationale où Germaine Tillon avait tenté d'amorcer, coûte que coûte, en juin 1957, au c'ur de la "Bataille d'Alger", un dialogue entre le gouvernement français et les dirigeants du Front de libération nationale (FLN) de la zone autonome d'Alger, pour mettre fin à la spirale de violences ayant marqué cette page particulièrement sanglante de l'Algérie en guerre.
La violence des attentats terroristes, qui ont meurtri l'Algérie durant les années 1990, est également évoquée dans cette pièce, qui reprend les réflexions de Germaine Tillon sur le sujet.
D'une durée de 1H20 mns, "Dialogue" qui révèle la personnalité humaniste de Germaine Tillon et sa capacité obstinée à vouloir sauver des vies humaines impliquées dans le conflit, retrace ses rencontres avec l'ancien chef de la zone autonome d'Alger, Yacef Saadi, qui l'avait contactée, elle qui avait monté une commission d'enquête internationale contre la torture, et ses multiples tractations entreprises auprès du gouvernement français pour tenter d'obtenir l'arrêt de l'exécution des condamnations à mort des militants du FLN.
Son objectif était de faire baisser les tensions et permettre l'amorce d'un dialogue politique, mais elle n'obtient pas gain de cause en dépit de sa quête désespérée de paix en Algérie. Lorsque ses interlocuteurs algériens furent arrêtes par l'armée française, elle multiplia les démarches auprès des autorités coloniales pour obtenir qu'ils soient remis à la justice civile et détenus en France, et plaida farouchement pour leur grâce après leur condamnation à mort.
Le spectacle repose sur un trio Germaine- Fatima (moudjahida) 'Yacef et un meneur de jeu, le journaliste qui alterne les adresses au public et la prise en charge des représentants de la France, à savoir André Boulloche qui dirigeait le cabinet de Maurice Bourgès-Maunoury, alors président du Conseil, Robert Lacoste gouverneur général d'Algérie et l'un des principaux acteurs de la répression du peuple algérien, n'hésitant pas à défendre l'usage de la torture par l'armée française et la police, ainsi que le président du tribunal.
Comprendre l'enchaînement de faits mal connus de cette période coloniale
S'apparentant au théâtre documentaire, "Dialogue" a permis au public de comprendre l'enchaînement de faits historiques complexes et mal connus de cette période coloniale. Il alterne les situations d'affrontements à Alger et à Matignon (présidence du Conseil à Paris) et les temps de réflexion.
Il fait également découvrir le questionnement intérieur de Germaine et de Fatima devant les situations dramatiques auxquelles elles ont été confrontées durant cette guerre. La qualité de prestation des comédiens, Sophie Million (Germaine Tillon), Fatima El Hassouni (la moudjahida), Nidal El Mallouhi (Yacef Saadi) et Eric Auvray (alternativement, le journaliste, le président du tribunal et André Boulloche) a permis au public, visiblement impressionné, de découvrir la personnalité de Germaine Tillon qui lutta courageusement, contre la misère imposée par le système colonial, la pratique de la torture et les exécutions sommaires durant la guerre d'Algérie.
"J'ai été très intéressé par la lecture de l uvre de Germaine Tillon +Les ennemis complémentaires+ parce que c'est une partie de sa vie qu'on ne connait pas du tout, et c'est ce qui m'a conduit à adapter son 'uvre au théâtre", a confié le metteur en scène Jean Quercy à l'APS, au terme de la représentation.
"On célèbre beaucoup la Germaine Tillon de la résistance, mais pas du tout son rôle durant la guerre d'Algérie", a-t-il estimé.
"Le personnage de Germaine Tillon porte en lui une humanité exceptionnelle. Cette recherche de dialogue dans des circonstances épouvantables pour essayer de faire baisser la violence qui s'est déroulée en Algérie, être capable, au moment où il y a des massacres, de chercher les chemins pour dialoguer, révèle une force extraordinaire", a-t-il ajouté.
"Cette période, comme toutes les autres périodes de sa vie a correspondu à une implication extraordinaire de sa part dans les évènements dont elle a été témoin", a-t-il souligné.
Il s'est demandé, cependant, si la démarche de Germaine Tillon, avec le recul de l'histoire, "n'était pas trop tardive", ajoutant que c'était la seule "critique relative" qu'on pourrait faire sur elle. Il a souligné, toutefois à ce sujet, que Germaine Tillon "n'était pas une femme politique comme elle le disait elle-même".
"Très pragmatique, oui, elle l'était", a jugé le metteur en scène. "Elle parlait par exemple de créer des emplois, mais elle ne se rendait pas compte qu'en 1957, les Algériens avaient soif de dignité et d'indépendance et c'était trop tard pour parler de réformes économiques", a-t-il relevé.
"D'autant plus que la IV ème République était alors totalement affaiblie pour imposer une solution pacifique en Algérie", a observé le directeur de la compagnie Théâtre Averse et metteur en scène, Jean Quercy.


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