Algérie

la pièce Haute sécurité présentée à Tizi Ouzou Théâtre El Djadid d'Issers à Boumerdès



la pièce Haute sécurité présentée à Tizi Ouzou                                    Théâtre El Djadid d'Issers à Boumerdès
Parodier un pouvoir à travers «l'ambiance» dans un poste de surveillance militaire, le pari est osé dans un pays où le système est encore «allergique» à la critique.
C'est pourtant le défi «fou» qu'a relevé sur les tréteaux le jeune metteur en scène Abdelghani Chentouf dans sa dernière pièce théâtrale intitulée Taxamt Nalhars (Haute sécurité), qui vient d'être traduite en tamazight. Même si la trame de cette tragi-comédie ne se réfère pas ostentatoirement à la réalité algérienne, il faut avouer qu'elle en dépeint via un théâtre de l'absurde détonant des abus d'autorité au sein d'une institution militaire. Les faits de cette nouvelle production de 65 minutes du nouveau théâtre de la ville d'Issers (Boumerdès), jouée lundi soir au théâtre régional Kateb Yacine de Tizi Ouzou, se déroulent dans une tour de garde reculée.
Deux soldats, Bechar Ahcène et Brik Chaouche Mohamed, se livrent à des diatribes inutiles qu'épuisantes en attendant une éventuelle intrusion ennemie dans leur camp. Mais l'étranger de la nuit tant redouté ne viendra pas. Ereintés par d'interminables heures de guet nocturne dans leur modeste guérite, les deux vigiles s'adonnent alors à un duel de titans dans ce «no man's land» où, la nuit venue, l'on n'entend que des aboiements lointains d'un chien que personne n'aperçoit. Pas l'ombre de menace extérieure. Décontenancés par leurs tristes sorts, lâchés dans la solitude de la nature, les deux compères associés pour le meilleur mais surtout pour le pire, se chamaillent sans discontinuité, tournent en rond dans un cercle vicieux. Ils ne savent même pas la raison de leur affectation dans ce milieu hostile, ni pourquoi ils montent la garde. Le décor de la pièce se résume à un poste d'observation, un WC, des herses barbelées et un panneau «Danger» interdisant l'accès à toute personne étrangère.
L'ordre est formel : tirer sur celui qui oserait franchir l'enceinte militaire sans le mot de passe qui change toutes les 24 heures. A un certain moment, on voit surgir dans le ciel un hélicoptère. Les effets sonores et lumineux ajoutent une dose de suspense au spectacle. Des images de rotors tournoyant sont projetées sur le rideau du théâtre. Un haut gradé de l'armée (rôle interprété par Bechar Ahmed) descend de l'aéronef pour aller se' soulager dans les toilettes puantes mais bien sécurisées du poste de surveillance. Sans piper mot, il repart à bord de son moyen de transport vers une destination inconnue. Pour une histoire de mot de passe griffonné sur un papier non retenu par le soldat illettré, son collègue, plus gradé que lui, n'hésita pas à l'exécuter par balle. Ici, on ne badine pas avec la parole de l'autorité qui rend caduque celle de l'individu, semble lui dire le bourreau.
«Nous avons eu beaucoup de problèmes pour jouer cette pièce. Une fois, lors d'une tournée dans une wilaya du pays, des policiers sont venus me voir après le spectacle pour me reprocher d'avoir porté atteinte à l'institution militaire. On donne notre vue théâtrale sur scène. J'essaye de porter ma touche personnelle en créant une vie sociale sur les planches avec plein d'émotions», explique le metteur en scène que nous avons rencontré à la fin de la séance. Le texte original de la pièce est de Mechala Moussa. Il a été traduit de l'arabe par Rédha Amrani. Diplômé de l'Institut supérieur des métiers des arts du spectacle (ITMAS) de Bordj El Kiffan, Chentouf Abdelghani est l'auteur de plusieurs 'uvres théâtrales dont L'Ambassadeur et L'ours.
En projet, Baboratoire (lire bien Baboratoire) et des spectacles pour enfants. Sa dernière pièce Haute sécurité en version arabe (Hirassa mouchadada), a décroché en 2010 le grand prix du Festival international du théâtre d'Erfoud (Maroc). En 2009, il s'est adjugé le même prix avec L'ours qui avait obtenu trois autres distinctions : meilleure réalisation, meilleur comédien et meilleure comédienne. En Algérie, Hirassa Mouchadada a été primée à Mostaganem et Médéa.


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