La scène est ordinaire sur les planches d'un théâtre. Des comédiens qui discutent avant d'entrer en scène. Les débats s'animent. Un jeune surgit de nulle part. Il rappelle l'histoire de Slimane El Guerrab.Qui se souvient encore de ce brave homme du village de Beni Dehane, qui vendait l'eau dans une guerba, faite avec la peau du bouc de H'lima l'aveugle. La scène s'anime aux rythmes d'une ouaâda et au parfum de l'encens. Les acteurs entrent en jeu. Tout le monde entre en transe. On est au village de Sidi Dehane, où les gens souffrent d'une misère pesante.Sid Ali El Guerrab invoque les saints pour venir sauver les pauvres misérables. Soudain, la lumière s'éteint. Comme dans un rêve ou dans une ?uvre de science-fiction, trois saints (Sidi Abdelkader, Sidi Boumediène et Sidi Abderrahman) débarquent au village de Sidi Dehane. Fatigués par un long voyage, ils cherchent où passer la nuit. Sid Ali qui est le premier à les recevoir n'a pas où les héberger. Il n'a pas de maison. Au village, personne ne veut les accueillir. Seule Saliha qui exerce le plus vieux métier du monde leur accorde l'hospitalité.Elle égorge son unique chèvre pour leur offrir le dîner. En récompense, les saints frappés par la misère qui ronge les habitants du village lui remettent de l'argent, à condition de l'utiliser dans les ?uvres de charité. Saliha décide d'ériger trois mausolées et d'organiser des ouaâdas pour les gens du village. Mais ceci ne fera que répandre la paresse, les mauvaises pratiques, les superstitions, entraînant une foule de parasites et d'opportunistes qui veulent en tirer profit. Adaptée sous une nouvelle mouture de la pièce El Guerrab oua salihine (le porteur d'eau et les saints) d'Ould Abderrahman Kaki (1935-1995), montée pour la première fois en 1966 (soit depuis près de 50 ans), la dernière production du théâtre régional d'El Eulma, mise en scène par Nabil Bensekka, a été présentée en générale jeudi dernier sur les planches du Théâtre régional de Constantine.La pièce a ressuscité, durant 90 minutes, la fameuse ?uvre de Kaki, mais avec une relecture qui colle à l'actualité, à l'époque de la modernité, du numérique, du way way et du selfi, le tout interprété dans un langage populaire bien étudié, agrémenté de scènes d'humour parfois «noir». L'usage très judicieux et même magique des effets de la vidéo a donné une autre dimension au spectacle. Ce qui a donné l'impression du presque réel sur scène. Tous les ingrédients d'un beau spectacle étaient présents : le jeu plaisant des comédiens, la musique, la chorégraphie, la vidéo, l'humour et le folklore. Même si entre l'époque de Kaki et la nôtre, beaucoup de choses ont changé.«El ma el ma, ma Sidi rabi, djaybou djaybou men aand Sidi El Okbi» a été cette expression que les générations des années 1960 et 1970 connaissaient très bien. D'ailleurs, c'est la notoriété de l'?uvre de Kaki qui a drainé un public nombreux, avide de découvrir la nouvelle adaptation. Ce public qui a fait le déplacement ne le regrettera jamais. Pour preuve, la troupe du TRE avait vraiment tapé très fort et n'a laissé personne indifférent. Elle a été longuement ovationnée à la fin du spectacle. Ah si Ould Abderrahman Kaki était encore vivant ! Il aurait sûrement apprécié ce magnifique voyage dans le temps.
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Posté Le : 17/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Arslan Selmane
Source : www.elwatan.com