Algérie

La peur du vide



Dans ce que les autorités appellent la transition, il y aurait une issue, bien que personne ne soit vraiment en mesure de la définir : un Etat social et libéral ? Ou un regroupement d?intérêts conservateur et liberticide, féodal et inféodé ? Si le bout de la trémie est encore en chantier, les facteurs bloquants au premier modèle sont déjà organisés ; sur le plan politico-économique, ce sont les affairistes en costume de travail multipoches, vivant dans les fonds marins de la pratique commerciale et la brume terrestre des alliances partisanes. Sur le plan socioculturel, ce sont les Algériens, les yeux au ciel, la peur du vide au ventre, se tenant par la main pour contrer toute émancipation, celle qui conduira vers plus de liberté pour les femmes, les hommes, les poissons et les arbres. Ces deux parties unies dans l?inertie ne s?entendent généralement pas, les uns profitant de la pauvreté des autres, les autres reprochant aux premiers d?avoir accaparé toutes les ressources. L?islamisme avait réussi à faire la jonction entre ces deux parties sur la base d?un contrat stupide, un Etat conservateur et ultralibéral mais égalitaire dans le sens où chacun aurait les mêmes chances de profiter de la corruption la journée et de battre sa femme le soir. L?actuel régime tente de faire la même jonction, mais en se basant sur un constat différent : la population, détestée au plus haut point, est impossible à exterminer parce qu?elle est 30 millions. La caste des corrompus-corrupteurs est elle aussi impossible à éliminer tant elle a noyauté tous les rouages de l?économie et de la politique, les structures élues et nommées, les sociétés publiques et privées. Il faut faire avec les deux et avec ce néant idéologique ambiant. Le vide en Algérie, comme un joli coffre berbère, est souvent comblé par un tas de choses inutiles dès que l?on est à court d?idées ou d?argent.


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