La peur du chaos grec

La crise migratoire prend des allures fort inquiétantes. Les flux de personnes ne cessent de s'accroître alors que les frontières de certains pays censés se conformer aux conventions ratifiées en la matière, restent fermées. Une attitude figée mettant des milliers de personnes dans un dénuement total, surtout en cette période hivernale. La gravité du problème n'est pas près de s'estomper, car aucune politique des pays d'accueil n'augure d'une réelle prise en charge. La Macédoine, premier pays sur la route des Balkans, empruntée par les migrants, n'avait laissé depuis deux jours aucun migrant traverser la frontière. La police macédonienne a recouru aux gaz lacrymogènes contre des migrants à la frontière. Ce pays semble avoir pris acte des restrictions imposées la semaine dernière par l'Autriche, la Croatie, la Slovénie, membres de l'UE, ainsi que par la Serbie. Ces mesures ont été vivement critiquées par la Grèce. Car elles consistent à limiter à 580 le nombre de personnes transitant quotidiennement sur leur territoire. Forte de « l'appui et de la compréhension » de la chancelière allemande Angel Merkel, Athènes n'a pas cessé de tirer la sonnette d'alarme contre les risques d'engorgement . Elle a averti que le nombre de migrants bloqués sur son territoire risquait de tripler en mars, pour atteindre le chiffre de 70.000 personnes, en raison des quotas imposés par ces pays aux candidats à l'établissement en Europe occidentale.Elle plaide pour un partage proportionnel par tous les pays membres de l'union dans l'Europe. L'Allemagne avait, de son côté, appelé les pays de l'UE à prêter main-forte à la Grèce, pour ne pas la laisser plonger dans le chaos devant le flux migratoire. La chancelière allemande reproche aux pays des Balkans d'avoir agi seuls et arbitrairement au détriment d'un pays voisin, mais ne semble guère se soucier de la situation chaotique des réfugiés, qui font les frais d'une guerre sans merci. Cette critique a d'ailleurs suscité de vives réactions dans les milieux politiques autrichiens. Rappelant le refoulement vers l'Autriche par les autorités allemandes de 6.000 migrants, la ministre autrichienne de l'Intérieur a annoncé que son pays est disposé à accueillir jusqu'à 37.500 réfugiés supplémentaires cette année. Pour l'Autriche, si ce ratio était respecté à l'échelle de l'UE, il permettrait l'accueil de deux millions de migrants en Europe cette année.Une réunion ministérielle extraordinaire devait avoir lieu, lundi dernier, à Athènes, pour élaborer un plan d'urgence afin de parer au problème, en attendant la tenue, le 7 mars prochain, du sommet de l'UE. Cette rencontre permettra, selon la chancelière allemande, aux responsables européens de redéfinir et rétablir quelques détails du système de libre-circulation.