Algérie

La peur de remuer le passé



La peur de remuer le passé
Les moudjahidine accueillent avec enthousiasme l'idée de la création d'une chaîne d'histoire. Se sentant lésés dans les programmes de l'ENTV, ils estiment que cette chaîne, si elle venait à voir le jour, les rétablirait dans leurs droits.
Le chargé de la communication de l'ONM, Aoamar Ben El Hadj, a le sentiment qu'on refuse aux moudjahidine le droit à la parole. «On ne veut pas de nous à la télévision. On dirait qu'on ne veut pas qu'on parle ! Ce sont eux qui choisissent leurs interviewés et nous donnent un temps très court. La télévision donne plus d'importance aux chanteurs qu'aux moudjahidine. Nous aurions voulu qu'on mette sur un pied d'égalité le fusil et la mandoline», considère-t-il. Il y a aussi, d'après Aoamar Ben El Hadj, une défaillance au niveau de l'école dans la transmission de l'histoire de l'Algérie. «On effleure l'Emir Abdelkader, Ben Badis, et c'est à peu près tout.
Pourquoi ne parle-t-on pas des méfaits du colonialisme ' Il ne suffit pas de dire que l'Emir Abdelkader a combattu Bugeaud, il faut expliquer qui était Bugeaud», dit-il.
Ben El Hadj insiste sur la préservation de la mémoire. Il vient de créer une association de la Wilaya III historique, dont le siège provisoire est à Bouira, afin de recueillir la mémoire des moudjahidine, de les structurer sous forme de séminaires, d'écrits, de livres édités en communs à but non lucratif. «Il n'y a pas en Algérie de véritables archives. Si des moudjahidine se sentaient cernés, ils déchiraient leurs carnets, s'ils en avaient. Les archives sont dans la tête de ces gens», dit-il.
Cinquante ans après la libération de l'Algérie, il souligne que les moudjahidine, qui ont une moyenne d'âge de 70 à 75 ans, vont mourir la conscience tranquille. «L'Algérie indépendante a eu, dit-il, des hauts et des bas, mais cela est inhérent à la vie. Aujourd'hui, elle appartient aux jeunes. Même s'ils souffrent, ils n'atteindront jamais le niveau de souffrance qu'on a vécu sous l'occupation.»




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