Algérie

La peur, ciment de la nation



De quoi a peur Bouteflika pour interdire une marche du RCD à Alger, parti autorisé, ou pour refouler Sihem Bensedrine, militante tunisienne des droits de l'homme ' De quoi a peur Bouteflika pour prolonger ainsi l'état d'urgence, pour ne pas s'attaquer de front à la corruption ou pour ne pas lire les rapports des commissions d'enquête sur la Kabylie ' Pourquoi cette peur, qui l'oblige à ne sortir de son bunker qu'avec une division aéroportée et une armée de terre ' Cette peur d'organiser un face-à-face public et télévisé avec ses concurrents candidats à la présidentielle, de donner un entretien à la presse de son pays ou de libéraliser l'audiovisuel ' Il a peur, c'est tout. Des libertés, de la démocratie et du vent du progrès, des militants, des opposants et du peuple, particulièrement celui qu'il ne peut contrôler ou payer. Il faut pourtant reconnaître que la peur est également partagée dans le pays. Si le régime a peur du peuple, de ses émeutiers, supporters de football ou de ses islamistes armés, la société a peur elle aussi. De dire du mal du régime, qu'elle condamne en chuchotant. De la police, de sortir le soir, de son penchant pour la laïcité et du chauffeur de taxi qu'elle traite comme un ministre des Transports. Les cadres, hauts fonctionnaires de l'Etat ou walis ont peur aussi de ne pas être vus en train de soutenir le Président et Ouyahia a peur de l'abstention, au point où il traite les partisans du boycott de traîtres, alors que la pratique du boycott existe depuis l'avènement de la démocratie en Algérie. Les islamistes ont très peur des filles en jupe, qui attirent les séismes, et les filles ont très peur du regard des hommes, qui attire les problèmes. Serait-ce finalement un pays de peureux, de haut en bas ' Si c'est le cas, n'ayons pas peur de le dire. Ou plutôt si. Le courage ne mène à rien quand on est cerné par la peur.


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