Algérie

La peu probable radicalisation de la religion en Tunisie Malgré la victoire d'Ennahda



La peu probable radicalisation de la religion en Tunisie                                    Malgré la victoire d'Ennahda
Pour avoir constaté d'abord, suivi de près ensuite et disséqué a posteriori le cas algérien, les analystes considèrent ne plus disposer, depuis, du droit de circonspection face à un phénomène sociétal qui a, plus que toute autre expérience du genre à travers le monde et l'Histoire, surpris par son ampleur à la fin des années 80. L'interruption du processus électoral en Algérie avait conduit à une radicalisation des options retenues par la direction du parti dissous et de fait à la seule réaction qu'ils considéraient évidemment à tort comme le seul recours à même de récupérer un choix populaire, même s'il a été construit dans son intégralité par la fraude, la menace et les intimidations et ce faisant, en imposant une vision univoque de la politique et de l'exercice de la démocratie : la violence.Donc, dès le départ, la configuration du paysage sociopolitique en Tunisie n'est en aucun cas assimilable à celle de l'Algérie en ce sens que, contrairement au parti algérien dissous, la formation de Ghanouchi n'est pas née ex-nihilo, à la faveur d'un mouvement initialement circonscrit pour passer à celui, populaire, de masse, «spontané», mais existe depuis plus d'une trentaine d'années. Malgré la répression féroce de Ben Ali et bien avant celle de Bourguiba, les militants d'Ennahda sont montés en puissance en matière d'activisme, notamment à l'étranger, mettant à profit le statut valorisant d'exilés politiques pour fédérer à leur cause les membres de la diaspora tunisienne hors frontières mais en même temps pour garder en état de veille permanent les dirigeants des pays du monde occidental, notamment ceux européens, sur la légitimité de leur lutte et, dans la foulée, investir dans un capital sympathie pour un avenir dont la proximité ne tenait en réalité en rien. Le Printemps arabe avec des régimes déraisonnables comme celui d'Assad, Kadhafi, Moubarak et bien d'autres, fournissant le meilleur des alibis pour une révolution. La victoire de Ghanouchi est celle d'une force tranquille dont le plus grand avantage a été tiré de l'atomisation des partis réputés de gauche, de leur
multiplication sur le terrain et de l'absence d'une vision à court terme qui leur aurait permis de détenir dans un premier temps la majorité relative, même si, en théorie, ils n'en sont pas orphelins actuellement, sans avoir besoin de composer avec le leader politique en question. D'ailleurs, en bons perdants, peu de responsables de formations politiques envisageraient d'entrer en conflit avec le vainqueur des dernières élections. En tendant la main à ses adversaires, Ghanouchi sait qu'il y a une réelle et incontestable possibilité de matérialiser son projet d'Etat tunisien d'abord musulman, dans la plus stricte acception du propos, avant toute autre chose et nourrit intérieurement la conviction selon laquelle la matérialisation d'un tel projet ne relève pas de l'utopie. L'islam modéré dont, sincèrement ou par calculs, il veut donner l'image, règlerait sans nul doute bien des tumultes dans les rapports qu'il entretient avec ses plus fidèles collaborateurs et permettrait de voir ce semblant de plébiscite populaire sous un autre prisme ; celui
d'échec possible, d'absence de solution à moyen terme qui éloignerait l'idée d'une Tunisie stable, d'un Etat pérenne au moins jusqu'aux prochaines et décisives échéances.C'est sur cette stabilité immédiate que reposerait l'avenir d'Ennahada. Et c'est également à une instabilité que certains de ses adversaires souhaiteraient voir confronté R. Ghanouchi ; ces derniers ne soupesant pas en réalité les risques potentiels conséquents d'un pays en crise comme l'a été l'Algérie il n'y a pas si longtemps. Néanmoins, dans une Tunisie dont l'électorat, malgré le choix de dimanche passé est loin d'avoir le profil d'islamiste, ces risques, compte tenu des expériences vécues ailleurs, sont minimes et ont très peu de chances d'être exploités par l'islam radical et encore moins de servir de terreau à AQMI dont la disqualification au sein de la population de la Tunisie est quasi certaine. Néanmoins, cette disqualification pourrait ne reposer que sur un sursis, vu le peu de probabilité de durer, au cas où la révolution de Jasmin ne vient pas confirmer les espoirs placés en elle ; il appartient aux nouveaux maitres du jeu de les matérialiser !
A.L.


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