Algérie

La perpétuité requise contre «Largo», un baron de la drogue


Le procès après-cassation du baron du kif surnommé «Largo», la présumée tête pensante d'un grand réseau de trafic de drogue et de contrebande de véhicules en provenance d'Europe via le Maroc, s'est tenu hier devant le tribunal criminel d'Oran.

A côté du mis en cause principal, de son vrai nom B. S. Ahmed, la cinquantaine, poursuivi pour «trafic de drogue et de produits psychotropes par une organisation criminelle, contrefaçon de sceaux de l'Etat et falsification de documents administratifs», deux autres accusés, dont son neveu. Un quatrième prévenu, en état de fuite, devait être jugé par contumace. Plusieurs témoins ont été cités, dont des fonctionnaires de la wilaya et de la daïra d'Oran, notamment des ex-employés du service de la circulation des véhicules de la wilaya d'Oran, dont certains étaient eux-mêmes impliqués dans l'affaire auparavant. Après les formalités d'usage pour la nomination des jurés, le président d'audience appelle l'accusé alias-Largo. Masque vert sur le visage en raison de sa maladie infectieuse et contagieuse, la tuberculose vraisemblablement, Largo peine à se relever. La silhouette longiligne de plus de deux mètres met bien du temps pour rallier la barre. Tête baissée, jambes écartées, il s'appuie avec ses longs bras sur le bois. Crâne bossué, yeux mi-clos, visage, ou du moins sa partie non voilée par le masque, épouvantablement balafré… Bref, un faciès de rêve pour les criminologues ! Filé par la brigade antistupéfiants, Largo, présenté par les services de sécurité comme un caïd du kif dans la région Ouest et au-delà, tomba dans le filet le 29 septembre 2007, à Oran. La perquisition de son domicile à Haï Bendaoud se solda par la découverte d'un demi-quintal de résine soigneusement enfouie dans un cachot muré. Sans compter sur les diverses méthodes policières pour amener l'accusé à cracher le morceau, il aura fallu des chiens renifleurs et le «flair» des flics expérimentés dans ce genre d'affaires pour déceler la drogue emmurée. Et ce n'est pas tout, les policiers ont également trouvé une mallette «magique» pleine de faux documents (permis de conduire, cartes grises, passeports) et toute une panoplie de cachets et de griffes contrefaits, de la wilaya d'Oran et de Tlemcen pour la plupart, ainsi qu'une somme de 197.000 DA. Ainsi, la police parvint-elle à la dernière pièce lui permettant de reconstituer le puzzle d'un grand réseau de trafic de drogue et de véhicules volés ou provenant d'Espagne par la contrebande via le Maroc et le port d'Oran.

En effet, selon le dossier d'enquête transmis à la justice, pas moins de 10 véhicules ont été saisis en possession de ce groupe criminel, dont une Mercedes, une BMW, une Peugeot 407 et une Laguna, avec de fausses cartes grises. C'est Largo lui-même qui contrefaisait le numéro de châssis en effaçant l'original et en frappant à sa place un faux. D'autres membres du réseau, au nombre de 10, ont été jugés en août 2008 et condamnés entre 10 et 12 ans de réclusion par le tribunal criminel d'Oran.

Lors de l'enquête judiciaire, c'était sans le moindre barguignage que le mis en cause est passé aux aveux en déclarant que c'est lui-même qui a eu l'idée de dissimuler la drogue entre les murs de la maison dans le but de ne laisser aucun soupçon qui peut incriminer le reste des inculpés dans cette affaire. Il a avoué, en outre, que les 49 kilos de kif saisis chez lui représentaient sa part d'une quantité de 150 kilos et que le reste avait été partagé par ses complices. Cependant, au cours de l'audience, le principal mis en cause a tout simplement nié tous les faits qui lui ont été reprochés.

Le représentant du ministère public a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre alias-Largo et 15 ans de réclusion contre les deux autres accusés détenus.


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