La pénurie de pain persiste à Alger même si M. Benbada ne l'a pas vue !

Au prochain Aïd, les Algérois feraient mieux d'aller à Blida acheter leur pain, c'est plus sûr que les promesses ministérielles (dr)Mardi, le ministre du commerce a assuré le plus normalement du monde, alors que la crise du pain perdure à Alger, que les commerces, épiceries et boulangeries qui étaient de permanence ont assuré convenablement leur mission. Décodé, cela veut dire que durant les jours de l'Aïd El Fitr (jeudi et vendredi ainsi que le samedi) il n'y avait aucune pénurie de produits alimentaires de large nécessité, comme le pain, le lait ou les produits maraîchers. "Sur les 13.633 commerçants mobilisés à travers le territoire national, 12.490 ont assuré l'ouverture de leurs commerces le jour de l'Aid, soit un taux appréciable de 92%", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse. Selon le ministre, le taux de respect du programme de la permanence établi par les commissions locales sous l'égide des directions du commerce a dépassé les 90% dans 42 wilayas du pays. Des propos qui, pourtant, résistent mal à la réalité. La veille même de l'Aïd El Fitr, il y avait déjà la pénurie de pain à Alger.
Une baguette de pain à la bougie
Toufik, habitant le quartier de Montplaisant, sur les hauteurs de Bab El Oued, a du battre le pavé jusqu'à la Rue Ben M'hidi pour tenter de trouver une quelconque baguette de pain. En vain! Le même scénario sera observé à Alger le lendemain, jour de l'Aîd, dans la plupart des quartiers populaires. ''A El Biar, il n'y avait qu'un boulanger qui était ouvert pour une population de plusieurs milliers de personnes. Une seule boulangerie pour un tel quartier n'est pas suffisant'', lance Saadi, éc'uré par les déclarations du ministre. Un natif de la casbah rétorque que ''même aujourd'hui, six jours après l'Aïd, la pénurie de pain n'est pas encore passée''. Une longue file d'attente d'hommes et de femmes était visible vers 10 heures mardi près de la devanture de la boulangerie ''Moukawi'', mitoyenne du marché couvert Ahmed Bouzrina (ex-marché de la Lyre). Un peu plus bas, vers la Rue de Chartres, même spectacle devant la boulangerie de ce quartier de la basse Casbah, une longue file d'attente. Ailleurs dans le populeux quartier de Bab El Oued avec ses plus de un million d'habitants, même triste spectacle des longues files d'attente devant les rares boulangeries ouvertes mardi, comme celle de Boulahbel, près de la DGSN et du marché Nelson.
Acheter son pain à Blida
Saadoun, habitant les hauteurs de Kouba, lui, est catégorique: ''il faudrait que le ministre nous explique pourquoi les boulangeries ne travaillent pas les jours de l'Aïd. Car tout le monde le sait, sauf peut-être le ministre, que le métier de boulanger est exercé par une catégorie de gens qui n'habitent pas Alger, et que durant les fêtes et les jours fériés, ils partent eux aussi passer ces moments de joie en famille''. Selon M.Benbada, le taux de suivi a été de 98% à Batna et Oran, les 97% à Ouargla et Blida, et les 96% à Béchar. Chlef a enregistré le taux le plus bas avec seulement 47%". A Blida, pourtant, le pain ne manquait pas le jour de l'Aïd et les jours d'après. Le lait et les autres produits alimentaires sont également disponibles. Pourquoi' ''Ici, les boulangers sont blidéens'', explique un habitant de la ville fondée vers 1530 par Sidi Ahmed El kebir. Saadoun suggère ainsi à M. Benbada qu'il ''est plus intelligent de dire aux algérois d'aller acheter leur pain à Blida que d'obliger les boulangers à garder leurs employés les jours de fête''. Selon la section des boulangers de l'UGCAA, entre 10 000 et 11.000 boulangeries devaient assurer la disponibilité de pain de 5 heures à 15h les jours de l'Aïd, et près de 23 millions de baguettes devaient être disponibles le premier jour de l'Aïd et 16 millions le second jour. Las! Six jours après, la fameuse baguette fait courir beaucoup de monde.