Avec 120 kms de côte, quatre ports de pêche et une flottille de pèche conséquente avec en prime des traditions ancestrales dans le domaine, Chlef dispose ainsi de tous les atouts pour relancer l'activité du secteur de la pèche et assurer une auto suffisance, voire un surplus en matière de production halieutique. Néanmoins, une lecture des bilans de production de la direction de la Pêche et des ressources halieutiques des dernières années montre que ces atouts ne sont pas exploités de façon à impulser une réelle dynamique au secteur. Ce disfonctionnement apparaît clairement à travers l'écart enregistré en matière de production durant la période entre 2007 et 2012. Des statistiques de la direction de la pêche et des ressources halieutiques, font état à ce titre d'un volume de production avoisinant les 7.500 tonnes en 2007 contre 3.317 T en 2011 et 3.300 T toutes espèces confondues en 2012 soit une baisse de plus de 50 %. La rareté de la ressource générée, selon les responsables locaux du secteur, par le non respect du repos biologique de la ressource halieutique, n'est pas forcement l'explication plausible à cet état de fait, relèvent des gens de la profession, en ajoutant que le secteur de la pêche n'est pas à l'abri de certaines pratiques que rares sont ceux qui connaissent les tenants et les aboutissants.
L'apport de nouvelles infrastructures sans impact
Sur le plan des infrastructures portuaires, ces dernières se sont quadruplées au cours de la dernière décennie passant d'un seul port de pêche en l'occurrence celui de Ténès à quatre ports à savoir ceux d'El-Marsa, Sidi Abderrahmane et Béni Houa. De même, la flottille de pêche s'est considérablement renforcée durant la même période atteignant 367 embarcations toutes dimensions confondues dont 18 chalutiers, 79 sardiniers tandis que le reste est constitué de petits métiers. Une halle à marrée destinée à la vente aux enchères des produits de la mer vient d'être mise en service au niveau du port de pêche de Ténès et une autre est en cours de construction dans l'enceinte du port d'El- Marsa. Malgré le renforcement des infrastructures portuaires et de la flottille de pêche, le secteur n'a pas évolué, explique un patron de pêche, qui affirme regretter la période ou seuls les professionnels et les gens rompus à l'activité osent s'aventurer dans le métier de la mer. L'absence de professionnalisme et «l'entrée de l'argent» en sont pour beaucoup dans la situation actuelle du secteur, indique-t-il, en observant, qu'il ne s'agit pas d'acheter un bateau de pêche qu'on devient patron de pêche car une telle qualification ne s'acquit qu'après une longue expérience et une connaissance quasiment parfaite de l'espace marin. La formation s'avère ainsi indispensable pour la promotion du secteur de la pêche, souligne-t-on à la direction de la pêche et des ressources halieutiques, en faisant état de l'ouverture en 2008 à El -Marsa (100 kms au nord ouest de Chlef) d'une annexe de formation de l'institut national supérieur de la pêche, au sein de laquelle suivent actuellement 159 stagiaires une formation d'électro- mécanicien et de marins pêcheurs qualifiés.
De père en fils, le métier de pêcheur ne l'est plus
Cet établissement pourra apporter un plus au secteur pourvu que la formation soit adaptée à l'évolution que connaissent les équipements des bateaux de pêche, observent des gens de la profession. De père en fils, le métier de pécheur ne l'est plus de nos jours du moins pour les familles de la ville côtière de Ténès, 53 kms au Nord de Chlef, ou par le passé ce métier était le plus convoité par les jeunes. Opter pour ce métier représente, aujourd'hui, pour de nombreux jeunes une aventure aux lendemains inconnus, affirme un septuagénaire ayant fait ce métier pendant plus d'un demi siècle. Riches de l'expérience et de la situation sociale de ceux qui les ont précédés dans le métier, les jeunes n'ont plus ce désir de faire ce métier, devenu hélas, synonyme de pauvreté, de besoin eternel et autres mots désignant misère et mal vie. Ce sentiment s'est accentué davantage à Ténès après le naufrage du bateau ''el-Khalil'' disparu le 31 décembre 2011 au large des côtes de Ténès avec à son bord un équipage de huit membres dont trois frères. La prise en charge des problèmes freinant le développement de ce secteur notamment dans ses aspects social et économique, pourra être, selon des gens de la profession, une issue salvatrice pour ce secteur, que la multiplication des infrastructures et de la flottille n'a pu aboutir à une véritable relance.
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Posté Le : 18/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nabila B
Source : www.lefinancier-dz.com