Algérie

La Pauvreté S'explique Aussi



Environnement et pauvreté sont-ils devenus un couple indissociable pour l'analyse politique et socio-économique dans les pays diversement qualifiés d'émergents, en voie de développement ou plus clairement sous-développés ? Si l'on en croit les concepts utilisés sur la base d'observations d'experts dans l'un et l'autre des domaines, il parait difficile d'entrevoir une quelconque amélioration de l'environnement si l'on s'en tient au seul bavardage sur les aspects physiques des politiques d'investissement dans ce domaine, ceux qui engloutissent des budgets faramineux et qui ne règlent rien de sérieux. On considère aujourd'hui, que l'environnement est un tout et sa préservation passe inévitablement par celle des ressources naturelles. A partir de ce postulat, bien des interrogations viennent à l'esprit. D'abord, comment sont exploitées les ressources naturelles, ensuite, comment se fait la redistribution des revenus qui en découlent ? Comment est hypothéqué l'avenir au profit de la seule immédiateté minée par la corruption, empêchant une vision lointaine du processus de développement et réduisant toute chance de progrès ? Il est certes désuet de continuer à croire que le taux de croissance démographique est le seul facteur à partir duquel on explique la pauvreté via la pression sur les ressources et donc la diminution des revenus. Il ne s'agit là que d'une vision statique qui a poussé les pays riches à une crise démographique se traduisant par la fermeture pure et simple d'établissements humains voire la disparition de villages entiers par manque d'habitants, parallèlement au vieillissement de la population dans les villes. Cela s'explique parfaitement par les effets du libéralisme et des lois qu'il impose. Mais dans des pays comme le nôtre, les dysfonctionnements socio-économiques sont visibles à l'oeil nu et ne sont le fait que de la mauvaise gouvernance, de l'exclusion des populations du processus de prise de décision, de la réduction du champ politique au seul profit du clientélisme. Il n'est plus question de s'étonner des résultats catastrophiques sur le comportement de plus en plus guerrier du citoyen face au mépris structurel des symboles de l'Etat auquel en lequel il ne voit qu'une source d'appauvrissement, alors que le propre de l'Etat est justement de créer de la richesse à partir d'objectifs clairs et consensuels. La question reste de savoir quels sont les signifiants de l'Etat dans les pays sous-développés. Lorsque l'information nous renvoie les images de tueries dans des pays tels que le Kenya où les vieux démons du tribalisme sortent des entrailles du passé colonial pour s'ériger en véritable espace d'expression identitaire, il y a danger en la demeure. Au moment où l'Europe fait sauter les frontières et les législations qui les accompagnent, nous autres Africains, revenons à des considérations de flairs pour réaliser des projets communs. Nos guerres sont d'un autre siècle, nos gouvernants aussi. Comment alors éviter que la pauvreté s'installe dans la durée ? Comment faire en sorte que l'environnement s'inscrive dans une politique de préservation ? La réponse n'est plus du ressort des seules disciplines scientifiques qui avancent des solutions certes vérifiables mais inapplicables sur le terrain sans les inscrire dans une dynamique politique, dans un projet de société comme aiment à le marteler les idéologues. Pour preuve, combien d'études sérieuses ont été réalisées et qui ont le mérite d'exister avant de s'évanouir dans les couloirs feutrés des responsables qui attendent le pire pour les dépoussiérer. Comment peut-on évaluer un projet aussi grandiose bien que discutable tel le « barrage vert » ? Comment évaluer ses impacts sur l'environnement et qu'a-t-il réglé comme problèmes ? Le drame réside dans cet éternel recommencement sans retenir les leçons du passé, sans les capitaliser, sans respecter les étapes. Le pire c'est que la pauvreté avance au même rythme que la dégradation de l'environnement. Faire d'Alger la capitale de quelque chose en matière d'environnement ou de culture est une bonne chose en soi du fait de son insertion dans un processus mondialisant, mais que récolte-t-on comme dividendes aux niveaux locaux des autres régions ? Rien ou très peu de miettes. Des budgets avalés laissant à chaque fois un goût d'inachevé et profitant à la propagande du moment. La nature nous a pourtant mieux doté que nos voisins immédiats, mais lorsque prenant acte des recommandations qui leur sont faites par des experts nationaux et internationaux ils se mettent au travail, leurs pays paraissent plus grands que le nôtre. En tous cas plus fréquentables. Et l'on vient parler aujourd'hui des atouts touristiques au moment où les placements sur le marché du tourisme deviennent des plus complexes. Au moment où la pauvreté galopante risque d'exposer une population à toutes les perversions possibles. Le rêve d'un meilleur demeurera la seule issue. Alors continuons à rêver. Ça ne coûtera pas cher et cela n'appauvrira personne.
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