Algérie

La partie immergée de l'iceberg



La partie immergée de l'iceberg
Trafics, fraude fiscale et blanchiment d'argent ont facilité l'apparition, du jour au lendemain, de grosses fortunes dont les nantis échappent depuis à  toute forme de contrôle. Au centre des préoccupations, «le blanchiment d'argent et sa corrélation avec le financement du terrorisme» a fait l'objet d'une série de mesures ayant pour objectif de limiter le champ d'action des «blanchisseurs».
Une Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) a ainsi été créée en 2002 et a été dotée de l'outil de déclaration de soupçon afin de détecter et prévenir ce genre d'opérations. Cependant, aucun bilan des activités de la cellule n'avait été publié, du moins jusqu'à hier. Le président de la CTRF, Abdenour Hibouche, a profité de la tenue de la réunion du Groupe d'action financière du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord à  Alger pour faire un premier bilan. Dans une déclaration à  l'APS, le successeur de Abdelmadjid Amghar a annoncé qu'«entre 2010 et le premier semestre 2011, la CTRF a reçu pas moins de 3000 déclarations de soupçon», déclaration concernant, rappelons-le, des transactions inhabituelles et sans justification économique. Et d'ajouter que «600 déclarations de soupçon ont été recensées au premier semestre 2011», précisant au passage que «pratiquement toutes les déclarations reçues jusqu'ici concernent des opérations financières inhabituelles qui peuvent ne pas s'avérer forcément comme des opérations de blanchiment d'argent». Des chiffres qui peuvent paraître impressionnants à  première vue, mais qui cachent mal l'étendue des maux qui rongent l'économie nationale, d'autant que ces derniers chiffres ne sont que la partie apparente de l'iceberg. D'ailleurs, la déclaration de M. Hibouche est affligeante d'imprécisions concernant les déclarations de soupçon qui ont donné lieu à  des poursuites. Il ne s'est pas non plus prononcé sur l'étendue de l'implication de certaines professions, comme celles de notaire ou d'avocat dans le processus, surtout lorsqu'on pense que la majorité des fonds à  blanchir passent dans le marché immobilier. De l'aveu même du responsable, la CTRF est surtout saisie quand l'argent passe par une banque et ne peut, par voie de conséquence, àªtre informée de transactions effectuées hors circuit bancaire. Dans une économie dominée de 50 à  60% par le marché informel et caractérisée par une masse monétaire circulant hors du circuit évaluée à  700 milliards de dinars, selon les estimations les plus faibles, on imagine aisément l'étendue du malaise. D'ailleurs, les cambistes du marché parallèle du change prospèrent et opèrent sur des volumes variant entre 100 000 et 300 000 euros/jour, selon certaines estimations. Malgré l'existence d'un tel organisme, les nouvelles fortunes affichent ostensiblement leurs signes extérieurs de richesse contrastant avec arrogance avec l'altération générale des conditions de vie des Algériens. Il ne s'agit pas de diaboliser la richesse si elle est issue de revenus légaux. Il faut toutefois que l'administration fiscale joue pleinement son rôle en traquant les niches de délinquance économique via les signes extérieurs de richesse. Ces derniers sont d'ailleurs définis dans la charte du contribuable comme étant «les dépenses personnelles ostensibles et notoires et les revenus en nature dépassant le total exonéré qui n'ont pas fait l'objet de déclaration». Il reste aussi l'application effective de l'impôt sur le patrimoine, si ce n'est l'institution d'un impôt sur les fortunes qui, en plus de combler un manque à  gagner pour le Trésor, contribuerait à  mettre en place un outil statistique de l'état des fortunes en Algérie.


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