Algérie

La partie civile et le procureur enfoncent Achour Abderrahmane


La partie civile et le procureur enfoncent Achour Abderrahmane
Si le représentant du ministère public a, dans un long réquisitoire, reconnu l'entière responsabilité des mis en cause, il serait difficile, même pour la partie civile, de prouver le détournement.
C'est la conclusion qu'on peut tirer de l'affaire Achour Abderrahmane dont le procès s'est poursuivi, hier, au tribunal de Sidi-M'hamed, à Alger. Beaucoup de témoins, des employés de la BNA ou des partenaires convoqués par le juge Mohamed Rekkad étaient absents à l'appel. Ceux qui étaient présents se sont contentés du minimum syndical.
En revanche, les deux avocats de la BNA allument la mèche en faisant observer que l'affaire aujourd'hui aurait pu ne jamais voir le jour si cette fameuse lettre anonyme n'était pas venue alerter sur le scandale.
Ce qui, pour le commun des mortels, renvoie, soit à la complicité à tous les étages, soit à un manque de compétences. L'expertise ne manquera pas de plaider la seconde hypothèse. 'Des sommes colossales sont sorties sans que personne ait vu quoi que ce soit. Le chef d'agence de Cherchell donne de l'argent à Achour alors que celui-ci n'en a pas dans son compte. Le banquier, pour cacher l'opération illégale, attend un mois. Achour présente un autre chèque qui sera visé et encaissé à l'agence de Koléa où le compte est déjà provisionné. Tout cela grâce au coup de maître de l'artiste qui n'est autre que le chef d'agence de Bouzaréah', dira Me Chaoui ironiquement, ajoutant qu'une organisation a été mise en place entre les agences incriminées. Revenant au sujet du principal accusé, il dira que 'Achour Abderrahmane a créé des sociétés fictives dont National A+, Natasim, ou encore Rodycom. Elles n'ont aucune activité qui fait rentrer de l'argent. Si tout cet argent appartenait à Achour Abderrahmane, qu'il nous le démontre', dira-t-il, avant de rappeler que 22 milliards de dinars, c'est le salaire des employés de la BNA pendant 45 ans ! Cependant, ce même avocat disculpe les différentes structures de contrôle de la BNA en expliquant la difficulté pour les inspecteurs de contrôler toutes les sommes en question.
'Qu'attendez-vous d'un inspecteur qu'on envoie en plein mois de Ramadhan contrôler ce qui lui échappe s'écrie Me Chaoui. Par contre, il n'y va pas de main morte pour charger les chefs d'agence de Bouzaréah, Cherchell, Aïn Benian, Koléa et celle de Zighout-Youcef à Alger. 'Pour ces derniers, la responsabilité est totale. Quant aux directeurs régionaux (DRE), on ne peut exclure leur complicité', dit-il sentencieusement. Et de demander le remboursement des 22 milliards de dinars assorti d'une augmentation de 30% représentant leur valeur actuelle ainsi que 10 milliards de centimes de préjudice moral. Pour rappel, la Cour suprême n'a pas encore donné suite aux deux derniers assortiments. Avant de conclure, l'avocat attire l'attention que 'l'argent détourné a été investi au Maroc, en France et en Algérie'.
Le procureur de la République, de son côté, n'y va pas avec le dos de la cuillère pour enfoncer les mis en cause.
'Achour Abderrahmane a voulu détourner l'attention de tout le monde sur le fait principal, disant que la somme objet du procès est de 40 milliards de dinars, façon de semer le doute et démonter l'incompétence des experts. Mais nous confirmons que c'est bien la somme totale arrêtée. La justice n'est pas une passerelle', annonce de prime abord le représentant du ministère public. Pour lui, 'le fait que les mis en cause se soient tous retrouvés au Maroc après l'éclatement de l'affaire n'est pas le fruit du hasard, même si Achour Abderrahmane a déclaré vouloir rentrer en Algérie. La justice marocaine a donné une version contraire. Il a refusé de se rendre volontairement. Et si les autorités marocaines ne les avaient pas arrêtés, ils seraient jusqu'au jour d'aujourd'hui en fuite'. Le procureur avance un à un les arguments ayant conduit à l'implication des mis en cause. Du premier groupe composé de six employés de la BNA qu'il accuse, eux aussi, de détournement de deniers publics car 'ils ont recueilli des intérêts pour avoir facilité lesdites opérations'. 'Nous n'attendons point d'eux qu'ils nous disent avoir fait leur devoir d'employés de la banque. Il y a des preuves pour cela. La complicité commence par ces liens d'alliances de sang, des intérêts communs et personnels sur les dividendes. Tout cela converge vers l'accord conclu entre les accusés. Ils sont arrivés à se déjouer de tous, même de leurs supérieurs. Bien entendu, Achour Abderrahmane est le cerveau. Le deuxième groupe est composé de quatre accusés dont deux femmes et notamment M. Hassiba, une secrétaire qui se chargeait de retirer des mallettes l'argent à partir de l'agence de Bouzaréah au profit de la société fictive Rodycom', fait noter le procureur. Il laissera tout le monde pantois par la lecture des retraits d'argent effectués entre 1999 et 2005 par les collaborateurs de Achour.
Des petits retraits au début qui prennent des proportions alarmantes avec le temps jusqu'à atteindre des centaines de milliards par an.
Le procureur confirme l'association de malfaiteurs, le détournement de deniers publics et l'escroquerie. Il requiert une peine de 20 ans de prison pour Achour Abderrahmane ainsi que sept de ses proches collaborateurs dont son adjoint A. Rabah et son beau-frère S. Djamel assortie d'une amende de 5 millions de dinars, 15 ans de prison et une amende de 5 millions de dinars à l'encontre de M. Omar, 10 ans et une amende de 5 millions de dinars à l'encontre de B. A., M. M., K. B., R. M. A. et B. M., 5 ans de prison et un million de dinars à l'encontre de L. M. et S. D. ; deux ans ont été requis, enfin, pour sept autres mis en cause.
Les plaidoiries ont commencé dans l'après-midi pour les 23 accusés. À rappeler que l'affaire Achour Abderrahmane-BNA a éclaté suite à une lettre anonyme sur le détournement de près de 22 milliards de dinars dans laquelle sont impliqués des employés et des responsables de cette banque.
A F


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