Algérie

La parité hommes-femmes en débat



La parité hommes-femmes en débat
La question sur la parité entre les femmes et les hommes, en matière d'emploi en Algérie, est avant tout "un problème économique majeur" mais qui, bizarrement, n'est pas suffisamment posé sur la scène nationale.C'est une conclusion dégagée, hier, au Centre national de documentation et d'information affilié au ministère de la Solidarité nationale, à Alger, lors d'un atelier de travail organisé par la Fondation pour l'égalité, en partenariat avec Euromed Feminist Initiative (Initiative féministe euroméditerranéenne/IFE-EFI). Dans son intervention, Mouloud Hedir, économiste et consultant en commerce international, a indiqué que le problème n'est pas d'ordre juridique, puisque les lois "depuis 1962, ont toujours proscrit toute forme de ségrégation à l'égard des femmes". Reste à savoir d'où provient le "retard" en matière d'emploi féminin : en 2015, les femmes représentaient 19,4% de la population active. "Nous sommes loin de la parité", a déclaré l'intervenant, en se demandant si la réponse se trouve dans le retard enregistré dans l'industrie et l'agriculture, deux secteurs pourvoyeurs d'emplois, dans le modèle de développement, dans les mentalités ou dans le modèle éducatif. Plus loin, M. Hedir constatera que "l'état actuel de l'emploi féminin est révélateur des faiblesses de l'économie algérienne", avant de plaider pour "une démarche volontariste si on veut rattraper le retard".De son côté, Fatma-Zohra Oufriha, professeure agrégée en sciences économiques et licenciée en sociologie et en histoire, a soutenu que l'économie nationale est "une économie mono-spécialisée", notant que le taux d'activité masculin est "également faible" en Algérie, que le vrai problème se situe à la fois dans "le choix des secteurs d'activité", comme celui du pétrole, qui ne créent pas beaucoup d'emplois, et dans "le choix des procédés de production soi-disant modernes, qui emploient moins de main-d'?uvre et plus de capital".Mme Oufriha a, en outre, déploré la non-prise en compte de l'activité informelle, alors que celle-ci représente "une flexibilisation de l'offre d'emploi". Quant à Marie-France Grangaud, consultante au Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (Ciddef), elle a axé son intervention sur le "strict point de vue de la parité homme/ femme".Dans son exposé, elle a mis en avant l'évolution de la place des femmes dans l'emploi, avec un taux de 18,3% en 2015 contre 14,6% en 2005, en relevant un "fléchissement" de l'emploi depuis deux ans. Elle a aussi observé une égalité dans les salaires entre les hommes et les femmes, sauf pour "les travailleuses universitaires (qui) ont des salaires moyens plus bas que ceux des hommes de même niveau". Autre constat : les femmes habitant en milieu rural sont plus défavorisées (12%) que celles des villes (21%). De plus, il est noté une part "plus élevée" des femmes travailleuses appartenant à la tranche d'âge de 25 à 39 ans (26%). "Il y a parité seulement pour les professions intellectuelles et pour les employés(es) de type administratif", a révélé l'intervenante, en signalant les inégalités dans les autres métiers : 11% des femmes sont cadres de direction, 17% qualifiées de l'industrie et l'artisanat, 6% qualifiées de l'agriculture, sylviculture et pêche, etc. En plus clair, la recherche de la parité hommes/femmes dans l'emploi doit nécessairement s'intéresser aux niveaux de la profession où "la parité est encore très loin".Hafida Ameyar


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