Algérie

La panique est de retour à Alger



Hier à 14h45, onpouvait faire le tour des principales artères d'Alger en moins d'une heure.Fait exceptionnel, la capitale était quasiment désertée alors que d'habitude, àcette heure de la journée du mercredi (fin de semaine), l'encombrement est àson apogée dans les rues Didouche Mourad et les boulevards Mohamed V,Amiroucheet Krim Belkacem (Télemly), et la rue Hassiba Ben Bouali. Le double attentatd'hier a replongé Alger dans le milieu des années 90, dans les pires moments duterrorisme. Il est 10h50: nous sommes au carrefourFranklin Roosevelt lorsque se produit l'explosion du Palais du Gouvernement. Enune fraction de seconde, les visages se crispent. Les policiers dégainent leurstalkies-walkies pour s'enquérir du lieu de l'attentat. Arrivés deux minutesaprès au niveau du siège de la télévision et de la radio nationales, un agentde sécurité croit savoir que l'explosion « s'est produite à la gare ferroviairede l'Agha ». Les supputations vont bon train. Des passants affirment qu'ils'agit plutôt d'un attentat à la voiture piégée à la Grande Poste. Selon uneautre version, ce se serait passé à la place des Martyrs, avant que l'AFP (pourla presse) et la chaîne Al-Jazeera (pour un public plus large) ne donnent lelieu exact du premier attentat, devant le Palais du Gouvernement. Durant lesdeux heures qui ont suivi cet attentat (un second a eu lieu moins d'unedemi-heure après à Bab Ezzouar), la circulation automobile était très dense etla ville commençait petit à petit à se vider. A la rue Didouche Mourad, plus dela moitié des magasins avaient baissé les rideaux. Même les snacks et lesfast-foods étaient fermés à cette heure du déjeuner. Une certaine fébrilité s'est vite installée.Les pas des passants devenaient plus rapides. Les regards hagards chez les plus« tenaces ». Au niveau du cinéma l'Algeria, deux jeunes filles au visage lividerassuraient, sans grande conviction, une troisième qui pleurait. « Elle estinquiète pour son père qui travaille au Premier ministère, et qu'elle n'arrivemême pas à joindre par téléphone ». Il faut dire qu'hier la panique a aussi gagnél'ensemble des réseaux téléphoniques fixes et portables. Jusqu'à pratiquement14 heures, il relevait du miracle de pouvoir réaliser des communicationstéléphoniques, y compris sur un même réseau. Les quelques taxiphones restésouverts étaient pris d'assaut. « SVP, laissez-moi juste le temps d'appeler chezmoi pour donner de mes nouvelles, je n'arrive pas à les joindre de mon portable», demande une dame à un usager qui la précédait devant le poste de téléphone.Au bas de la rue Didouche, à l'entrée du tunnel des Facultés, c'est une maréehumaine qui vous accueille. Des gens, des étudiants fuient la zone del'attentat où l'on signale également, par mesure de sécurité, des « véhiculessuspects ». A ce brouhaha, s'ajoute le bruit des sirènes des ambulances ainsique des véhicules des services de sécurité et de la protection civile. Toutesles issues menant vers le Palais du Gouvernement sont bloquées. Même lesrésidents des immeubles avoisinants avaient du mal à s'y frayer un chemin. Maisau bout de trois heures, Alger donnait l'impression d'être vide. Unecirculation automobile tellement fluide qu'on se croirait à deux heures dumatin un jour férié. Comme le personnel du Palais du Gouvernement et duministère de l'Intérieur, plusieurs administrations ont libéré leurs employés. A 18h45, même s'il ne fait pas encore nuit,Alger n'est pas très animée en cette veille de week-end. Les gens préfèrentsans doute terminer cette journée particulièrement chaude bien en sécurité chezeux, en attendant certainement des jours meilleurs et en espérant que c'est lafin du cauchemar.


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