Algérie

La Palestine meurtrie


La Palestine meurtrie
Publié le 25.11.2023 dans le Quotidien Le Soir d’Algérie

Depuis huit décennies, le peuple palestinien subit les affres de la colonisation israélienne. Au fil des années, il est dépossédé de ses terres, chassé de son pays, humilié et vit sous l’état de siège permanant en voyant ainsi ses espoirs d’indépendance et de retour à sa terre natale se réduire comme une peau de chagrin. Cette colonisation de peuplement est meurtrière avec son cortège de destructions et de souffrances. Avec ses innombrables victimes, ses familles déchirées, ses destins et ses rêves brisés avec l’exode douloureux.
Face à la monstrueuse violence d’Israël à l’égard du peuple palestinien, le combat pour la libération de la Palestine garde toute sa justesse, toute sa vérité, toute son exemplarité et toute sa force. Elle affirme le droit universel, indivisible et inaliénable d’accéder à son indépendance totale avec le retour de son peuple exilé et la récupération de toutes ses terres spoliées par l’impérialisme israélien. Elle constitue en effet, la loi morale de l’humanité.
Les Palestiniens savent hélas mieux que personne que l’Histoire est une longue patience et demain reste un combat. George Habbache, Yasser Arafat et Marwan Barghouti et tant d’autres patriotes palestiniens ont montré le seul chemin, celui de la rupture et la lutte pour la libération de la Palestine. Et ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, leur détermination et leurs convictions inébranlables. Mais aussi, et surtout sur les rares hommes et femmes épris de justice et qui incarnent l’éthique et la morale politique.
Cette injustice qu’ils subissent est la démonstration de la faillite de la communauté internationale dans ses différentes expressions politiques et juridiques à sa mission du parachèvement de la dynamique de décolonisation et la préservation de la paix. En effet, elle démontre son incapacité à assurer la cohérence d’une vision d’ensemble au service du bien-être planétaire et particulièrement du droit à l’autodétermination du peuple palestinien.
Malgré les horreurs du siècle écoulé, siècle des totalitarismes, du nazisme et des génocides, l’humanité n’a pas retenu les leçons les plus appropriées. Cette colonisation se poursuit sous nos yeux, avec toutes ses atrocités : des crimes contre l’humanité et les expropriations. Le cortège d’horreurs qui l’accompagne doit choquer profondément la conscience universelle et qui ne doit plus accepter que les pires criminels s’abritent derrière la raison d’État ou la souveraineté nationale pour commettre impunément les exactions les plus abjectes.
Cependant, il est vrai que la question palestinienne n’offre pas l’avantage de la neutralité internationale, de l’impartialité et de l’indépendance des positions politiques. Elle est confrontée malheureusement à la réalité des enjeux géopolitiques. Ces derniers n’ont pas su, de décennie en décennie, transcender les différences nationales, politiques, culturelles, et développer ainsi des visions universelles unanimement reconnues et acceptées de tous dans l’intérêt de l’humanité. Ils ont manqué, avant tout, faire adopter une lecture commune de la règle internationale et du fonctionnement consensuel. Les enjeux géopolitiques, de par leur parti pris fragrant, se distinguent par leur impuissance à assurer dans le monde une paix durable et une concorde universelle. Ils font ressurgir des affrontements régionaux et internes, des conflits ethniques et religieux.
Dans un contexte géopolitique défavorable, par leur résistance, les Palestiniens écrivent une séquence de la mémoire du monde. Ils sont dans l’Histoire, et demain ils entreront dans la légende. L’accomplissement de leur vie, c’est la Palestine libérée.
Soixante-quinze ans de combat, de sacrifice, de solitude et de souffrance, ils ont engagé leur pays sur le chemin de la libération, un choix difficile, semé de doutes et d’obstacles, celui de l’indépendance et de la justice. Par la seule force de leur courage au-delà de tout, de leur espoir qui ne s’est jamais éteint, ils luttent contre l’oppression du colonialisme israélien en rêvant d’un pays indépendant et d’un monde meilleur, libre, digne et fraternel. Les Palestiniens savent rester courageux, dans les épreuves, demeurent debout, fiers et dans l’honneur.
Les militants des causes justes et d’émancipation se reconnaissent dans le combat libérateur que mène le peuple palestinien et témoignent leur admiration depuis si longtemps en saluant l’immensité de l’œuvre en cours d’accomplissement. Ils partagent ensembles une certaine idée de l’homme, une certaine vision de ce que doivent être les relations entre les peuples, et la même volonté de mener cette idée, cette vision au service de la communauté humaine. Oui, ils se sentent si proches l’un de l’autre et partagent les mêmes combats contre l’oppression et l’injustice.
Depuis 1948, rien de tout ce qui touche la Palestine et ses habitants n’est indifférent à l’Algérie. De nombreux Algériens, célèbres ou anonymes, ont choisi la Palestine comme seconde patrie. De Mahmoud Latreche à Leila Noureddine en passant par Mohamed Boudia, nombreux sont en effet, ceux qui ont aimé passionnément la Palestine jusqu’à y faire souche, jusqu’à y consacrer l’essentiel de leur talent et de leur œuvre. Ils ont apporté leurs expériences, leurs ambitions, leurs génies et leurs originalités à la dynamique de la libération du peuple palestinien. Par leurs engagements aux côtés du peuple palestinien, ils ont tenté de réveiller la conscience mondiale devant l’urgence de la libération de la Palestine.
La tragédie palestinienne, dont nous n’avons pas fini de mesurer les effets dévastateurs, est venue cette fois-ci déconstruire la stratégie des porteurs de la théorie de «choc des civilisations». Ces extrémistes tentent habilement de pervertir le combat du peuple palestinien en le plaçant sur le terrain de l’affrontement ethnique, c’est-à-dire, culture contre culture et religion contre religion. Ce discours qui se nourrit de toutes les haines, il s’agit d’abord de le réfuter, car l’adopter, c’est tomber dans le piège que nous tendent ces extrémistes. À ce discours, il s’agit surtout d’opposer la réalité historique, politique et morale: celle de la libération de la Palestine qui subit la colonisation israélienne depuis la fin des années 1940.

Mustapha Hadni