L'accord prévoit en réalité "un simple report" du projet d'annexion auquel Israël n'a "pas renoncé", a affirmé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui veut enterrer le projet de deux Etats aux frontières de 1968.Les Emirats arabes unis et Israël ont convenu jeudi de normaliser leurs relations, dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis, suscitant le courroux de l'Autorité palestinienne, qualifiant à cette décision de "trahison" à la cause palestinienne.
"Les dirigeants palestiniens rejettent ce que les Emirats arabes unis ont fait. Il s'agit d'une trahison d'El-Qods et de la cause palestinienne", a indiqué, jeudi soir, dans un communiqué la direction palestinienne qui a rappelé immédiatement, en guise de protestation, son ambassadeur à Abu Dhabi.
La Palestine a également appelé à une "réunion d'urgence" de la Ligue arabe pour dénoncer ce projet soutenu par les Etats-Unis. Une fois signé, cet accord ferait d'Abu Dhabi la troisième capitale arabe, après Le Caire et Oman, à suivre ce chemin depuis la création d'Israël. Annoncé d'abord par le président américain Donald Trump sur twitter, cet accord a été ensuite faussement présenté par les Emirats arabes unis comme une "avancée" qui mettrait fin au projet de l'annexion en cours par Israël de territoires entiers de la Cisjordanie occupée. "Un accord a été conclu pour mettre fin à la poursuite de l'annexion par Israël des territoires palestiniens", a affirmé le prince héritier d'Abu Dhabi, Mohammad ben Zayed.
Un semblant d'espoir de très courte durée, puisque le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a vite fait de démentir en affirmant que l'annexion de pans de ce territoire palestinien occupé est "reportée" mais Israël n'y a "pas renoncé". Pour le mouvement de résistance palestinien Hamas, cette normalisation est un "chèque en blanc" pour la poursuite de "l'occupation" israélienne. "Cet accord est rejeté et condamné. Il ne sert pas la cause palestinienne, mais est considéré comme une continuation du déni des droits du peuple palestinien", a déclaré Hazem Qassem, le porte-parole du Hamas, cité par des médias. "Le Hamas estime qu'il faut soutenir et aider le peuple (palestinien) et non établir des relations avec l'occupation", a ajouté ce responsable du mouvement de résistance palestinien.
Pour le secrétaire du comité exécutif de l'OLP, Saeb Erekat, les Emirats, à travers cette décision, ont "récompensé" Netanyahu pour "les crimes de guerre commis par Israël contre le peuple palestinien", a-t-il affirmé, selon l'agence de presse palestinienne Wafa, ajoutant qu'"en retour, Israël abandonnerait son plan d'annexion mais que cette dernière promesse était fallacieuse". Saeb Erekat a appelé, par ailleurs, l'Italie et l'Allemagne à continuer d'"adhérer" et de soutenir la position palestinienne en faveur du droit international et de la légitimité internationale.
La rue palestinniene n'a pas tardé elle non plus à réagir à cet accord.
Des centaines de Palestiniens sont sortis hier dans la rue, après la prière du vendredi, pour exprimer leur rejet de "l'accord de la honte". Les manifestants ont scandé des slogans hostiles aux Emirats arabes unis, dénonçant une "trahison". Plusieurs blessés ont été néanmoins dénombrés après l'intervention de la police coloniale israélienne pour disperser les rassemblements.
Soutien inconditionnel de l'occupant israélien, Washington a estimé pour sa part qu'il s'agit d'une "énorme percée !". "C'est un accord de paix historique entre nos deux grands amis, Israël et les Emirats arabes unis", s'est réjoui jeudi sur son compte twitter le chef de la Maison-Blanche, publiant simultanément un communiqué de presse conjoint entre Washington, Abu Dhabi et Tel-Aviv.
Il est également précisé que des délégations israéliennes et émiraties vont se rencontrer dans les prochaines semaines pour la signature de différents accords bilatéraux dans divers domaines. Sous les feux des critiques, alors que sa campagne électorale pour la présidentielle de novembre prochain bat de l'aile, Trump espère à travers cet accord engranger quelques dividendes politiques en jouant la carte de "réalisateur de paix" sur le plan international, alors que son plan de paix au Proche-Orient est décrié de toutes parts, y compris à l'intérieur des Etats-Unis, car remettant en cause "la solution à deux Etats", comme cela est stipulé par l'Accord d'Oslo en 1993.
L'établissement de relations diplomatiques entre Israël et les alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient fait également partie de la stratégie régionale de M. Trump pour contenir la République islamique d'Iran, ennemi juré de Washington et de l'entité sioniste.
Karim Benamar
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Posté Le : 15/08/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim BENAMAR
Source : www.liberte-algerie.com