Algérie

La paix syrienne sur le chemin d'Astana



Les présidents Recep Tayyip Erdogan de Turquie, Vladimir Poutine de Russie et Hassan Rohani d'IranOn raconte volontiers que la fin de Daesh est le résultat du «travail» de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis dont les bombardements ont commencé en 2012 alors que l'intervention militaire de la Russie a débuté, quant à elle, en octobre 2015.
Tandis que le sommet de l'OCI à Istanbul débouchait jeudi dernier sur une résolution dans laquelle les leaders du monde musulman réunis autour du président Recep Tayyip Erdogan consacraient El Qods capitale de l'Etat de Palestine et invitaient la communauté internationale à en faire de même, les 28 dirigeants de l'Union européenne ont affirmé que la position de l'UE sur le statut de Jérusalem restait «inchangée» après la décision du président américain Donald Trump de reconnaître la Ville sainte comme capitale d'Israël. «Les dirigeants de l'UE réitèrent leur ferme engagement en faveur de la solution à deux Etats et, dans ce contexte, la position de l'UE sur Jérusalem reste inchangée», a ainsi tweeté M. Tusk au sortir de cet autre sommet.
Jeudi encore, on apprenait l'aveu d'échec du médiateur des Nations unies sur la Syrie, Staffan de Mistura, qui déclarait que le rôle de l'organisation semble définitivement compromis, de sorte que la Russie devient l'acteur incontournable sur le théâtre des négociations entre le régime syrien et son opposition. Il faut dire que la chose était courue d'avance puisque avant même l'arrivée de la délégation gouvernementale syrienne à Genève, ladite opposition remettait au goût du jour la controverse sur «le départ du président Bachar al Assad», une ligne rouge pour Damas. Etrangement, les mêmes capitales occidentales qui ressassent cette litanie sont montées au créneau mardi et mercredi pour affirmer que la chose était acquise et qu'il convenait seulement de s'entendre sur la durée consentie au chef de l'Etat syrien, une «affaire de un à deux ans» proclamaient les porte-paroles de la diplomatie américaine et autres.
De Mistura a vu son «optimisme incorrigible» en fin de compte corrigé et il ne lui restait plus qu'à jeter l'éponge, après avoir accablé de reproches la délégation syrienne d'être la cause d'une «occasion en or manquée». Exactement comme ses deux prédécesseurs qui ont tenté, pendant sept ans, de contraindre la délégation syrienne à s'incliner devant le diktat des protecteurs d'Al Nosra et autres groupes extrémistes prétendument syriens, il ne pouvait pas ignorer la surenchère permanente et même insolente d'une opposition où modérés et jusqu'au- boutistes se côtoient, de sorte que les réunions de Genève ne pouvaient être rien d'autre qu'un dialogue de sourds.
Décidément incorrigibles, les «diplomates» européens qui accompagnent les membres de l'opposition répètent à l'envi leur aspiration à contraindre le régime syrien par toute sorte de pressions pour lui ôter le «sentiment d'impunité». Toujours est-il que la diatribe aura été telle, de leur part comme de celle du médiateur onusien, qu'on peut difficilement envisager un retour à Genève de la délégation gouvernementale où il ne subsiste plus rien des sujets à discussion. Sans doute y aura-t-il des tentatives désespérées de sauver la partie et de faire perdurer le processus qualifié de «seul légitime» en vertu de la résolution 2254 adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU en 2015. Malgré les nombreux exemples que l'Etat hébreu d'Israël distribue depuis des années quand il s'agit de prendre en considération lesdites résolutions, le langage demeure qui veut qu'il y ait deux poids, deux mesures selon le pays concerné. Hier, ce fut l'Irak puis la Libye. Et on connaît parfaitement les argumentaires fallacieux qui ont conduit à la destruction systématique de ces deux pays. Les mêmes officines s'acharnent à obtenir un résultat identique quand il est question de la Syrie.
On raconte volontiers que la fin de Daesh est le résultat du «travail» de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis dont les bombardements ont commencé en 2012 alors que l'intervention militaire de la Russie a débuté, quant à elle, en octobre 2015. Les observateurs n'ont aucun doute sur le rôle effectif des uns et des autres. L'affaire ayant été somme toute réglée, il convient désormais de travailler efficacement à la restauration de la paix en Syrie. C'est ce à quoi s'est attelée la Russie, secondée par l'Iran et la Turquie, avec le processus d'Astana, au Kazakhstan. Après avoir obtenu des groupes rebelles adhérant au processus un accord sur les zones de désescalade, les trois parrains du processus, dernièrement conforté au sommet de Sotchi, travaillent méthodiquement à la tenue d'un «Congrès du dialogue national syrien» d'où sortirait le consensus indispensable au rétablissement de la paix. Bien sûr que le rapport de forces est désormais du côté de la Russie, de ses alliés et de ses partenaires. Bien sûr qu'à Sotchi, il a été question de légitimer ce rapport de forces à travers une solution politique viable. Celle-ci passe nécessairement par un équilibre entre les aspirations de l'opposition syrienne affranchie des diktats des groupes extrémistes et de leurs mentors internationaux et les positions du régime syrien qu'il serait dérisoire de considérer comme la marionnette de telle ou telle capitale alliée. Une fois parvenus à un accord mutuellement acceptables pour les deux parties, au grand soulagement de la Russie et de ses partenaires iranien et turc, il se peut qu'une consécration à Genève du règlement de la question syrienne puisse enfin intervenir. Mais d'ici là, de l'eau va encore couler sous les ponts.


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