Algérie

La «paix» électrique


Avec une inflation déjà forte qui grève lourdement le budget des ménages, il n'est pas surprenant d'apprendre par la voix du ministre de l'Energie et des Mines que le gouvernement a décidé de faire la sourde oreille à la demande de Sonelgaz pour une augmentation des tarifs de l'électricité. Pour Sonelgaz, cette hausse, de l'ordre de 10 à 15%, est absolument nécessaire pour assurer un niveau d'autofinancement de l'ordre de 30% d'un plan d'investissement lourd. L'argumentaire économique est solide et c'est ce qui explique que le gouvernement ne rejette pas formellement la hausse des tarifs, mais continue à différer la prise de décision. Il faut d'emblée observer que la CREG (Commission de régulation de l'électricité et du gaz), qui doit en théorie statuer sur les demandes de Sonelgaz, est pratiquement absente du débat. C'est pourtant au régulateur de juger de la pertinence de la demande d'augmentation des tarifs en tenant compte des coûts de production. On peut supposer que la CREG, qui est opérationnelle, a bien fait son travail et qu'elle a appuyé la demande de Sonelgaz. Mais dans ce débat, seuls le P-DG de Sonelgaz et son ministre de tutelle interviennent, de manière fort pressante, le régulateur ne se manifestant pratiquement pas. Histoire de ne pas gêner le gouvernement ? Sans le moindre doute, la logique économique se soumet à la logique politique. Le gouvernement, par souci de ne pas aggraver la grogne sociale, a choisi de maintenir sans changement les tarifs de l'électricité. C'est donc des tarifs politiques que Sonelgaz supporte. Il est certain qu'une hausse des tarifs de l'électricité serait très mal accueillie autant par les particuliers que par les opérateurs. Le grand perdant, c'est l'entreprise nationale d'électricité, Sonelgaz. Elle, qui réclame avec constance une hausse des tarifs se rapprochant des coûts réels, n'y trouve pas son compte. Elle est soumise aux impératifs politiques du gouvernement. C'est en théorie ce qui devait être évité avec la mise en oeuvre de la loi 92 sur l'électricité et le gaz. Celle-ci attendra ! La réforme est-elle venue trop tôt ? Ou bien, comme dans beaucoup de domaines, on est dans une démarche velléitaire du gouvernement ? En tout état de cause, Sonelgaz a besoin d'argent pour financer ses investissements. Elle emprunte une partie et cherche à dégager des fonds propres. Si elle ne le prend pas chez les clients, il reviendra à l'Etat de débourser. Chakib Khelil l'a dit ouvertement. Le gouvernement a deux options: augmenter les tarifs de sorte qu'ils expriment les coûts ou bien accompagner Sonelgaz dans la réalisation des investissements. Crûment, si l'Etat veut la paix sociale, alors il devra casquer. L'argument est d'autant plus imparable que Sonelgaz doit investir pour pouvoir répondre à une demande en hausse de l'ordre de 5% par an. L'Afrique du Sud connaît actuellement une crise de production d'électricité qui entrave sa croissance car le gouvernement n'a pas écouté l'entreprise publique d'électricité, Eskom, qui demandait depuis des années une accélération des investissements. La plus grande économie d'Afrique est soumise aux délestages et aux rationnements. A méditer...
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