Algérie

La paix à l'ombre du sous-développement


Jadis, patelin de repos, la localité de Boudouaou El Bahri, sise à une dizaine de kilomètres à l'ouest de la wilaya de Boumerdès, ne cesse de sombrer dans l'oubli. Erigée en chef-lieu communal suite au découpage administratif de 1984, cette localité accuse un énorme retard en matière de développement. Sa population, qui atteint 14 400 âmes, répartie sur 14 km2, vit dans l'anonymat et l'enclavement absolus. Se sentant oubliée par les autorités, celle-ci ne sait plus à quel saint se vouer pour venir à bout de ses « incommensurables préoccupations ». Lors de notre visite, les habitants apostrophés s'accordent tous à dire que leur localité manque de tout. « Nous avons un pharmacien, deux cafés, un bureau de poste, une salle de soins, une école primaire, un taxiphone, trois échoppes de produits alimentaires et rien de plus », fulmine un citoyen comme pour expliquer le manque criant d'infrastructures, tous types confondus dans sa commune. Lieu paisible cependant, la localité est constituée de quelques dizaines d'habitations dont la plupart datent de l'époque coloniale. Mais c'est le manque d'infrastructures qui y est décrié. « Vous voyez, nous n'avons ni CEM, ni de cybercafé, ni même un kiosque où l'on pourrait acheter un journal. Nous sommes isolés du reste du monde alors que notre localité est censée être un pôle touristique par excellence », se désole Réda avant de se plaindre : « Les jeunes sont livrés à eux-mêmes, notre salle de sports se trouve dans un état de déliquescence avancé alors que la salle polyvalente est très exiguë et ne répond plus aux besoins de la frange juvénile. » Intervenant dans ce sens, le président de la section de boxe souligne que la section qu'il préside « a formé des champions d'Algérie, mais elle se trouve dépourvue du strict minimum en termes de moyens permettant aux jeunes d'exceller dans le domaine. Notre salle de sport est devenue infréquentable et risque de s'effondrer à la moindre réplique », s'inquiète-t-il, « en rappelant que celle-ci fut un bar durant la période coloniale, puis siège d'APC avant de devenir une salle de sport aujourd'hui ». Lors de sa visite dans la localité, le nouveau wali avait promis selon notre interlocuteur sa réhabilitation et de la doter en moyens nécessaires. S'agissant de la salle polyvalente notre interlocuteur souligne qu'elle abrite des activités pour enfants et des cours d'alphabétisation uniquement.L'eau, le gaz et les bidonvillesProfitant de notre présence, quelques habitants interviennent pour se plaindre du manque d'eau potable et d'absence de gaz de ville dans leur commune. « Le réseau d'eau potable est très vétuste et n'a pas été refait depuis son installation par les colons. On nous a promis de nous alimenter par le réseau de Taksebt, mais nous attendons le concret. Quant au gaz, il sera raccordé dans les deux ans à venir », nous dira le premier vice-président de l'APC, M. Chifaoui Khaled. Sur un autre volet, les citoyens se plaignent de la crise de logement due à l'absence de projets et la multiplication des constructions illicites et des bidonvilles au niveau des quatre coins de la commune. Un phénomène, qui est devenu de par son ampleur, un vrai casse-tête des autorités locales. « Nous avons recensé plus de 700 habitations précaires, dont la plupart ont été localisées au niveau des agglomérations de Sidi M'hamed, Plateau et domaine Gouigah », nous confie le responsable local qui insiste sur « la nécessité de la régularisation des occupants de ces sites, en vue d'éradiquer définitivement le phénomène ». « Nous avons bénéficié d'un programme de 500 logements sociaux et de 500 logements (200+300) dans le cadre du programme de résorption de l'habitat précaire (RHP) mais les travaux tardent à démarrer », déclare encore notre interlocuteur.
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