Algérie

La paille dans le ventre Edito : les autres articles


La paille dans le ventre Edito : les autres articles
La journaliste et militante des droits de l'homme tunisienne, Sihem Bensedrine, a été interdite d'entrée sur le territoire algérien. Bloquée hier à l'aéroport Houari Boumediène à son arrivée, elle a été priée par la police d'attendre le prochain vol sur Tunis, alors qu'elle était l'invitée d'organisations non gouvernementales algériennes. Et ce n'est qu'en fin de journée qu'elle a été autorisée à entrer à Alger.Sihem Bensedrine a été, à partir des années 1980, une figure de proue de l'opposition au régime de Zine El Abidine Ben Ali. Plusieurs fois arrêtée et incarcérée durant des semaines par la police, elle a été la cible d'un harcèlement systématique de la part de l'ancien régime tunisien, à l'instar des innombrables militants des droits de l'homme, des démocrates et des opposants islamistes comme Mohamed Ghanouchi.
Par contre, celui-ci a eu droit au tapis rouge, accueilli à Alger pratiquement comme un chef d'Etat à la fin de l'année dernière. Alors que la journaliste, deux fois primée au niveau international pour son courage et son action pour la liberté de la presse et d'expression, est considérée «persona non grata» en Algérie et refoulée par un fonctionnaire de police sans ménagement ni la moindre explication. Inadmissible et scandaleux comportement officiel d'un autre âge, mais qui dénote pas moins de l'autoritarisme dont fait preuve un régime qui ne fait pas secret de sa sympathie envers des islamistes d'où qu'ils viennent. Il serait difficile de croire à une simple bévue d'un fonctionnaire zélé qui s'en serait tenu à ses fiches sur des «militants et activistes tunisiens jugés indésirables» en Algérie établies du temps où le régime de Ben Ali était dans «sa splendeur». Risible certes, mais difficile à croire au regard de l'accueil remarquable réservé au chef des islamistes tunisiens.
Plus révoltant encore est ce «deux poids, deux mesures» pratiqué sans retenue et de manière imbécile (au détriment de la journaliste) à l'égard de deux opposants au régime déchu de Ben Ali. On ne sait pour l'instant comment un tel geste inamical des autorités officielles envers la journaliste et militante des droits de l'homme va être interprété en Tunisie, notamment dans les rangs des démocrates, surtout à un moment où beaucoup admettent attendre énormément de l'Algérie afin d'aider «ce pays frère» à sortir de cette difficile période de transition ! En tout état de cause, la mesure prise contre la journaliste, même si elle a été levée, semble confirmer le parti pris des autorités algériennes pour le camp des islamistes tunisiens et le «penchant congénital» du régime algérien pour l'islamo-conservatisme, où qu'il soit et d'où qu'il vienne.
On aura beau tourner la question dans tous les sens pour savoir à quoi répondrait une telle mesure, on pourrait y trouver d'autres explications. Et encore moins déceler la moindre raison d'avoir «peur» de la présence de Sihem Bensedrine à Alger. Comme dit le dicton, «n'a peur du feu que celui qui a de la paille dans le ventre».
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