Algérie

La pagaille des crèches se poursuit



Dans quelques jours, c'est la rentrée scolaire pour les grands et les petits. Les parents ayant des enfants en bas âges sont déjà à l'affût de la meilleure crèche pour leurs bambins. Et, pourtant, rares sont ceux qui disent trouver satisfaction.Diktat des gérants, jungle des prix, manque de transparence dans la gestion, manque de moyens pédagogiques sont autant de griefs portés à l'encontre des crèches. «Le mécontentement des parents est total mais ils doivent faire avec ce qu'il y a sur le marché. Ils n'ont pas d'autres choix. Pour ne pas assombrir le tableau, je préfère dire qu'il y a des établissements qui essayent d'être corrects», note Nawel, employée, et maman de trois enfants.
Avec d'autres parents, ils essayent d'organiser un collectif dénonçant l'abus des gestionnaires. «Au-delà des prix exorbitants affichés et l'augmentation quasi annuelle, je ne peux admettre qu'un établissement ferme durant les vacances scolaires ou bien encore oblige les parents à payer trois mois à l'avance et, de surcroît, ferme la garderie durant deux mois alors que le payement est effectué.
Les parents sont désemparés. Il y a ceux qui se sont dirigés vers l'association de protection des consommateurs, ou à la Direction du commerce ou encore à la Direction de l'action sociale. Ces trois institutions se rejettent la balle. Et s'il y a contrôle, l'établissement est fermé pour quelques jours sans prise en charge des enfants inscrits. Nous entrons dans un cercle vicieux !», renchérit Walid, père de deux enfants. Et pourtant le constat est là !
Le nombre de femmes qui travaillent et qui cherchent où placer leurs enfants ne cesse d'augmenter. Le déséquilibre entre l'offre et la demande a fait que les gérants des établissements de la petite enfance imposent leurs lois.
En sus, dans nombre de crèches, les conditions d'accueil des petits ne répondent pas aux normes. Absence d'agréments, incompétence du personnel, absence de règles de sécurité font partie des dépassements. Des déficits auxquels les services concernés et à leur tête la Direction de l'Action sociale et la Direction de commerce tentent de pallier.
Un nouveau décret prochainement
Seulement 150 000 des 5 millions enfants de moins de 5 ans que compte le pays bénéficient d'une prise en charge au niveau des 2 535 établissements d'accueil de la petite enfance (garderies et jardins d'enfant), à travers tout le territoire national. Ce sont là les chiffres avancés par le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme.
Un chiffre jugé comme étant «minime» par la première responsable de ce département. Aussi, au mois de mai dernier, le gouvernement a examiné et adopté des projets de décrets exécutifs relatifs aux conditions de création des structures d'accueil de la petite enfance.
Selon le communiqué du Premier ministère, ce décret portera sur «l'organisation de ses établissements, leur fonctionnement et leur contrôle afin d'améliorer les conditions d'accueil de la petite enfance et de garantir une meilleure prise en charge médicale et psychologique de cette frange, et d'inculquer chez chaque enfant les bons comportements et les valeurs sociales et religieuses ainsi que les fondements de la nation. Concernant l'activité des nourrices à domicile et vu sa spécificité, elle sera organisée dans le cadre d'un autre projet de décret qui sera initié par le ministère chargé de la Solidarité nationale». Ce décret devrait mettre un terme à la pagaille qui règne. Selon la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, «des contrôleurs et inspecteurs bénéficient d'une formation à l'effet de suivre l'application des dispositions de la loi relative à ces établissements» et «contrôler les tarifs proposés et la qualité des prestations fournies au profit de ces enfants», appelant à ce que «le caractère pédagogique et éducatif prenne le dessus sur le volet commercial».
En effet, Le dispositif d'accueil de la petite enfance est régi par le décret exécutif n°08-287 du 17 Ramadhan 1429 correspondant au 17 septembre 2008 fixant les conditions de création, l'organisation, le fonctionnement et le contrôle des établissements et centre d'accueil de la petite enfance.
«Pour ma part, je ne pense pas que ce soient les textes de loi qui vont améliorer les choses dans la réalité. Le décret de 2008 stipule, par exemple, qu'une personne qualifiée doit encadrer 5 enfants non marchants ; et une autre pour 12 enfants marchants. Ou bien encore l'obligation de l'installation de toilettes pour chaque groupe de 15 enfants ayant les dimensions et la configuration appropriées aux deux classes d'âge (moins de 3 ans et plus de 3 ans). Mais la réalité est tout autre au quotidien. Le pire est que la plupart des parents connaissent leurs droits mais se sentent impuissants. C'est l'inspection et le contrôle rigoureux qui amélioreront les choses. Exit la complicité administrative !», affirme Meriem, une maman de trois enfants.
Prise en charge des enfants handicapés mentaux
Cela fait pratiquement une année depuis l'adoption du Décret exécutif n°18-221 du 26 Dhou El Hidja 1439 correspondant au 6 septembre 2018 fixant les conditions de création, d'organisation, de fonctionnement et de contrôle des établissements privés d'éducation et d'enseignement spécialisés pour enfants handicapés mentaux.
Par ce texte de loi, la capacité d'accueil des établissements privés d'éducation et d'enseignement spécialisés pour enfants handicapés mentaux ou de son annexe ne peut être supérieure à 120 enfants. Toutefois, et à titre dérogatoire, les établissements privés peuvent accueillir un nombre plus grand que celui prévu, par décision du ministre chargé de la Solidarité nationale, si la capacité d'accueil et les conditions d'encadrement le permettent.
Les établissements privés sont tenus de souscrire toutes assurances pour couvrir la responsabilité civile de l'établissement, des enfants handicapés mentaux et des personnels, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur. Ils sont également tenus d'afficher la liste des prestations fournies et les tarifs relatifs à la prise en charge des enfants handicapés mentaux.
S'agissant des missions, les établissements privés sont chargés d'assurer l'éducation et l'enseignement spécialisés pour enfants handicapés mentaux âgés de 3 ans jusqu'à l'accomplissement de leur cursus scolaire, et de veiller à leur santé, à leur sécurité, à leur développement et à leur bien-être.
«Nous avons accueilli favorablement ce texte de loi. Je pensais que beaucoup d'établissements s'y intéresseraient mais ce n'est pas le cas. Ma fille est toujours avec une association avec toutes les contraintes que nous connaissions auparavant», affirme une maman d'un enfant atteint d'autisme.
Pour l'heure, aucun bilan n'a été établi.
Sarah Raymouche


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