Algérie

La nuit du conte pour rallumer l'âtre de grand-mère



La 15e sahra (veillée) du mois de Ramadhan s'est harmonisée, lundi 20 mai, avec la nuit du conte où a été feuilleté, à l'oral et à la lueur de la bougie, le recueil de nos m'hadji (historiettes) du terroir par le quatuor de Perles d'eau, composé des conteuses Djazia Aït Kaki, Hanifa Hamouche, Zakia Gaouaou et Yamina Toubal. Illuminée à l'aura du "mesbah" (bougeoir) et au brasillement de l'âtre, la soirée de "timouchouha" (contes) a débuté avec le préambule ou la formule d'usage : "Amachahou, rabbi ats iselhou, ats ighzif anechth ousarou" (écoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu'elle soit belle, longue et se déroule comme un long ruban ou film). C'est l'espiègle chérubin à peine plus haut qu'un "aaqar l'hammas" (pois chiche) qu'a conté la dame Djazia Aït Kaki féministe et fondatrice de l'association Tharwa Lalla Fadhma n'Soumer. Nantie de la pédagogie d'enseignante qu'elle était, la poétesse Djazia Aït Kaki a charmé l'auditoire à l'aide du récit d'un garnement si cruel envers ses parents qu'à la fin il s'abîmera dans l'abyssal fond de l'oreille d'un chien errant. Ainsi, tour à tour, a succédé Zakia Gaouaou, l'auteure des Contes et légendes d'El-Kantara (éd. Nait), qui a gratifié l'assistance du conte du roi lion désireux de convoler en secondes noces et qui s'est heurté au refus de la gazelle qui repoussa ses avances à cause de son haleine fétide. Déçu, le lion s'en est allé vieillir dans l'ermitage de la solitude où il médita le proverbe persan : "La flèche sort de la blessure, mais le coup de langue reste dans le c?ur." S'ensuivit l'apport poétique de la rimeuse Hanifa Hamouche, la co-auteure du recueil de poésie intitulé Paroles de symbole qu'elle a écrit de concert avec son frère, l'artiste peintre Nourredine Hamouche, ce familier du legs séculaire d'aouchem (signes et motifs) du terroir et préfacé par Nadia Ihaddadène, professeur de lettres françaises : "C'est l'histoire de l'île aux sentiments où cohabitaient l'amour aux côtés de l'exil, de la solitude, de l'avidité, de la richesse, de l'éphémère bonheur qui ne fait toujours que passer, de l'arrogance, de l'orgueil, du temps que l'on n'a plus et de la sagesse du savoir. Tout y allait pour le mieux sur l'îlot jusqu'au jour où l'existence a fini d'être ce long fleuve tranquille qui menaça d'engloutir l'île". Alors, qui des sept passions allaient survivre ' L'amour pardi ! "Parce qu'il n'y a que le temps qui sait que la vie est intimement liée à l'amour." Et en tomber de rideau sur la nuit du conte et le mois du patrimoine, l'auditoire a entonné la chanson d'Idir adaptée du conte Lvaz d tsekkourt (l'aigle et la perdrix) qu'a narrée à son tour Yamina Toubal, la bloggeuse de "L'atelier d'écriture destiné aux femmes algériennes". Pour conclure, ressuscitons la formule qui clôture aussi le conte : "Hadjitek madjitek, châali chemâa ourouhi el-bitek."Louhal Nourreddine


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