Algérie

La nuit des écrivains



Une vue du «conclave l'heure du livre» à la salle Frantz Fanon à Riadh El FethC'est l'auteur prolifique Kaddour M'Hamsadji, un prestigieux repère de la culture d'algérianité qui a entamé la prestation de dialogue et d'échanges expertement animée par Nadia Sebkhi.
C'est lors de la célébration du mois du patrimoine et à l'initiative du magazine Livr-Escq, de l'Office national de Riadh El Feth et de la librairie «la Renaissance» que la salle Frantz Fanon a abrité une chaleureuse rencontre qui a rassemblé un auditoire nombreux, de qualité, ravi et réconforté par la tenue de cette manifestation livresque.
Placée sous le thème expressif «l'heure du livre» celle-ci s'est harmonieusement caractérisée par une communion de retrouvailles intergénérationnelles motivée pour la réappropriation de l'univers littéraire et livresque algérien.
L'impact de l'évènement a été rehaussé par la participation de marque du célèbre écrivain Kaddour M'Hamsadji, un doyen de la littérature algérienne au long cours dont l'oeuvre prolifique et le riche parcours constituent un palmarès élogieux à celui qui fut le premier secrétaire général adjoint de la naissante Union des écrivains algériens de l'indépendance présidée par l'immense Mouloud Mammeri.
Après le prélude d'un laborieux atelier d'écriture brillamment animé en esthôte littéraire avéré par la directrice de publication de la revue Livr-Escq Nadia Sebkhi, ce fut au tour d'un panel d'écrivains rassemblés en l'heureuse circonstance d'être magistralement présentés par celle-ci à une nombreuse assistance férue du livre et de ses lumières, selon une devise commune de la corporation livresque pour ce support didactique d'éveil culturel et d'intelligence.
C'est l'auteur prolifique Kaddour M'Hamsadji, un prestigieux repère de la culture d'algérianité qui a entamé la prestation de dialogue et d'échanges expertement animée par Nadia Sebkhi à dessein de redécouvrir le parcours d'un écrivain, romancier, dramaturge, riche et fécond à travers une production de créativité toujours renouvelée avec un succès constant à travers un dense périple bibliographique de plus d'un demi-siècle durant.
Ce qui a été illustré par l'oeuvre emblématique «La dévoilée» en 1959 dont l'impact universel de créativité dramaturgique est pérennisé par un jugement de summum d'Albert Camus avec une préface du romancier de renom Emmanuel Robles, ceci jusqu'aux récentes publications «La quatrième épouse», édité en 2015, une poignante symbolique des étapes historiques successives d'une longue marche de plus d'un siècle de résistance, de lutte et de combat pour l'indépendance de l'Algérie enfin ressuscitée d'une interminable nuit coloniale.
Dans ce contexte, et du haut de ses 85 années, Kaddour M'Hamsadji est toujours à l'oeuvre de ce qui constitue, selon sa propre expression, le sens de sa vie: la culture, la littérature, l'écriture et le livre d'algérianité et ce en dépit de la précarité de ses capacités visuelles affaiblies par les très longues années de labeur soutenues avec amour, motivation, à dessein de contribuer au rayonnement du legs patrimonial livresque hérité de ses aînés.
Magami Mohamed et Noelka: une prometteuse lignée
Cette prouesse de parcours à un âge avancé fut couronné en 2017 par deux ouvrages majeurs parus à l'Office des publications universitaires OPU. Le premier est un recueil d'une poésie lumineuse du cru citadin intitulé «Khayt er Rouh» (le fil de l'âme).
Une parure d'or sertie, portée sur le front par les Algéroises, particulièrement à la casbah d'Alger lors des fêtes traditionnelles de mariages ou de circoncisions, le second évoque «le Juste qui sommeille» une réplique poétique affective à l'auteur du célébrissime roman «le sommeil du Juste», le symbole du savoir et la connaissance Mouloud Mammeri, en hommage de fidélité de pensée à son ami de toujours pour la pérennisation de sa mémoire.
En talentueuse et perspicace esthôte des belles et nobles lettres, Nadia Sebkhi a su en la circonstance avec l'art de la communication et d'échanges, qui est le sien, faire découvrir à l'assistance la lignée fertile de succession littéraire générationnelle à travers l'auteur Magami Mohamed, une révélation d'un style romanesque, raffiné et la très jeune et sensationnelle écrivaine Noelka qui a donné âme à un ouvrage en mouvement au titre expressivement philosophique, empreint d'humanisme et d'émotion «Leurs Départs sont des Adieux».
L'éditrice de celui-ci Meriem Merdaci une battante qui n'est plus à présenter, jeune gérante des éditions «Champ Libre», de réputation, implantées à Constantine, a, en passionnée de littérature et du livre algérien, tenu à faire le déplacement des splendides gorges du Rhumel pour être au rendez-vous de l'événement dont la thématique est liée à ses aspirations culturellement livresques.
Faut-il aussi rappeler dans cette rétrospective que la jeune et dynamique Meriem Merdaci est également un véritable vecteur de promotion de l'élite juvénile à travers ses éditions qui constituent un relais performant d'émergence privilégiée d'accueil, d'assistance, d'encouragements et d'exhortations aux jeunes talents à l'image de Noelka fortuitement rencontrée sur un plateau de télévision qui deviendra en une amitié scellée un exemple d'évolution dans le circuit de la publication orientée vers des perspectives de succès et d'avenir pour les jeunes auteurs.
Ceci sans évidemment omettre de souligner que Mériem Merdaci est la fille de Abdelmadjid Merdaci, l'éminent sociologue-historien de l'université de Constantine et qu'ensemble ils forment un tandem de déploiement intellectuel à travers notamment l'édition, l'animation de cafés littéraires et de conférences entre autres actions pour contribuer à l'essaimage d'une culture d'algérianité en son pôle d'ancrage traditionnellement ancestral dans la symbolique d'érudition incarnée par l'antique Cirta.
Cette mémorable rencontre au cercle Frantz Fanon a connu un succès spécifiquement instructif pour ainsi s'ériger en un éclairant plaidoyer pour l'ascension de la lecture, du livre et de la littérature algérienne.
Une formule pédagogique adaptée et porteuse pour la redécouverte du foisonnant univers livresque qui fut jadis celui de successives générations de l'élite littéraire algérienne à l'évocation des Mouloud Mammeri, Mohamed Dib, Kateb Yacine,Tahar Djaout, Assia Djebar, Mouloud Feraoun, Malek Haddad, Taous Amrouche, et tant d'autres dont les noms sont éternellement inscrits en lettres d'or au palmarès de l'esthétique, de l'élégance, de la créativité et de l'innovation constante dans la beauté littéraire plurielle de sa monumentale célébrité anthologique.
Que cette démonstration instructive et de pédagogie didactique puisse impulser un premier jalon novateur pour rassembler tous les amis du livre dans une communion collective de réflexion qui sera un sursaut salvateur à l'essor de la lecture et au rayonnement de la culture algérienne.
Dans ce contexte il ne s'agira que de réactualiser encore une fois les voeux ardents et notre proposition soutenue lors du Salon international en 2015 dans le cadre du mouvement associatif à travers l'Association des amis de la rampe Louni Arezki, Casbah.
Au rappel de cette initiative, il est opportun de préciser que celle-ci a été préconisée lors d'une conférence centrée sur le livre et la lecture collectivement animée par Kaddour M'Hamsadji l'écrivain au long cours en la matière, l'enseignant pédagogue de notoriété Ahmed Tessa et moi-même.
Avec la participation d'une assistance essentiellement composée de lecteurs potentiels, amis du livre et de riches et féconds débats axés sur la problématique de la déficience de la culture livresque en Algérie, des recommandations instructivement argumentées et un appel pressant ont été formulés à dessein de la tenue d'Assises nationales du livre, un espace approprié au traitement et à la réflexion de la thématique impérativement nécessitée par la complexité du phénomène.
Outre la médiatisation conséquente induite par le développement de cette démarche pragmatiquement productive, celle-ci a par ailleurs, généré de brillantes contributions d'auteurs et de personnalités de premier plan de la littérature algérienne dans un ouvrage spécifique consacré au livre et à la lecture, intitulé «A quoi sert de lire» de Kaddour M'Hamsadji édité en 2015 par l'Entreprise nationale des arts graphiques -Enag-.
Pour la tenue d'Assises nationales du livre
Gageons avec l'espoir que cette fructueuse rencontre de réflexion et d'échanges solennellement dédiée au livre, à la lecture et à la littérature algérienne soit enfin le jalon inaugural d'un processus d'une dynamique créatrice de renouveau qui stimulera l'ensemble des volontés pour contribuer avec l'efficacité de la promptitude à un élan fédérateur de toutes les synergies susceptibles de réintroduire la socialisation du livre et la pratique de la lecture qui, jadis, était une de nos traditions culturelles répandues de l'école, au foyer pour reprendre une citation de référence de la célèbre pédagogue écrivaine de la mémoire Djoher Amhis Oukssel.
Un voeu très cher à l'inlassable Kaddour M'Hamsadji l'homme -livre, précurseur des premières émissions radiophoniques livresques des années 1970 reconverti pour la cause en chroniqueur passionné de la rubrique thématique hebdomadaire «le Temps de lire» publiée plus de 15 ans durant sur les colonnes du journal L'Expression qui verra enfin en doyen d'âge des écrivains algériens son rêve réalisé et vivre ainsi en la circonstance le bonheur d'un moment annonciateur de cet événement salvateur tant attendu.


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